vendredi 18 juillet 2008

Madeleine blues (V et fin)


dernière bouchée...

avant les premières gorgées d'un cru qu'on espère millésimé.

à partir de dimanche, les chroniques 2008 seront sur le comptoir.

a quien le apetece, a pinchar !




Jeudi. Madeleine pleurera ? A l'heure des bilans certainement. De rage et de désillusion.

En attendant, dès ce matin : " a los toros ! " . Quoi ? Ce matin ? A 11 h ? Une novillada ? Mais qu'ont-ils donc à nous proposer des spectacles taurins après le bol de café avalé à toute berzingue ou à la nuit tombée à l'heure des tertulias de comptoir ? Plus le temps de traîner, d'imaginer, de laisser nos rétines s'étirer dans le temps suspendu d'une trinchera aperçue la veille. Stakhanov aux arènes. Crésus aux guichets. Je ne cautionne pas. Je n'y vais pas. Je dors , je bois l'apéro ou je joue à la pelote. Mais pas mes fesses sur les gradins à 11 h !


A midi je suis désarçonné. Tout à côté un groupe de commensaux parle de flamenco. C'est un salmigondis de culture échafaudée à partir de spectacles ingurgités, de disques passés en bouillie de fond sonore , d'escapades andalouses en bus et de passages de troupes " festeras " sous les toiles suintantes des casetas des ferias françaises. Ils adorent " Cameron de la Isla " et trouvent la danseuse du groupe de leur peña trop allumeuse. Et j'arrête là parce que la suite est moins reluisante encore. Les bas-fonds du débat. Je m'assoupis sous un soleil extrait d'une parcelle de Sauternes. Je pense tout bas : " Saber escuchar " est aussi valable et d'actualité en taureaux, en flamenco, comme en pitrerie.


L'après-midi. Bonheur de retourner aux arènes avec l'ami. Les pas mesurés, les arrêts de soif, la fumée des cigares, l'émotion des paseos importants.
Mais cette année tout est vicié. L'air ambiant est quelque part irrespirable. L' harmonie municipale joue beaucoup trop fort. On sait d'avance que la musique silencieuse du toreo sera à la peine. Elle le fut.
Victorinos moruchos, fades ou alors incisifs et intéressants mais remisés entre les plis de serges rouges " effectistes " , fatiguées ( Padilla, Meca) ou tirant démesurément sur le vert tendre ( Robleño ). Public exécrable et n'attendant que la fin pour pouvoir enfin se défouler en scandant les noms des responsables du désastre. Il fallait que ça éclate. Ce fut bien timoré, un peu rassis et à moitié juste ( la commission taurine de la ville, la politique des édiles, rien de tout cela ne fut conspué ).
Madeleine a un goût de beurre rance et d'œuf pas frais. Mais c'est Madeleine. C'est irremplaçable. Je crois qu'un type a déjà écrit quelque chose là-dessus…


Epilogue : le soir même. Peña " A Los Toros " .
Je suis dans la demie obscurité que forment souvent les palabres et le vin. Je pense à Mathieu qui n'a pas pu être là. Pour la première fois depuis plus de vingt ans…
Zocato et Serge parlent, j'interviens un peu, le rosé exhale , j'en bois beaucoup. Ils m'ennuient délicieusement avec leurs chiffres, leurs moqueries, leurs indignations …ils ont raison, c'est sûr, c'est eux qui ont raison…
Mais je suis déjà parti, je m'évapore dans la terre qui mène à la lune des taureaux. Celle des yeux verts dont rêvait Fernando Villalon .

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sorteo !!!!