vendredi 29 mai 2009

Chemin de vic 4 ( la luna es un pozo chico )


- ciego !

- si , compinche que hay ?

- a que estas pensando " chemin de vic " ?

- al señor lancho, al señor lancho. y a eso :
une ombre s'étend et une présence s'éloigne. el fundi.



- aun no llora el "vintage" cargado de un alcohol torerisimo llamado morante ?

- pilla eso colega : pourquoi personne aujourd'hui ne pense à convoquer un mano amano el fundi / morante ? la "mayonesa" perera/ponce/juli/manzanares/fandi/talavante/no se que tourne à la chantilly laissée dehors un jour de canicule...inmangeable. indigeste.

- el de fuenla con el de la puebla ? vaya curiosidad !



- escucha mon drôle :ce serait une vraie confrontation, un vrai duel, un discours authentique à l'épreuve des faits. tiens, toma ya : une corrida-concours avec un salpicon du meilleur de " domé " et du nec de santa-coloma. cuadrillas de lujo. piqueros de postin.

- loco, eres un loquillo ciego !

- a los locos la luna es un pozo chico y las flores no valen na'.

- lo que valen son los brazos...

- que de noche me abrazan !

- ole

- si , arsa y toma.

- buen viaje ciego.

- je m'en vais " contento " parce que "alla" je compte bien accouder mon aficion à la barra dantesca des arènes jo fourniol. où croiser los de las trincheras del toro. les tauromaches et les aficionosophes. te contare.

jeudi 28 mai 2009

Chemin de vic 3 ( le ciel se resserre )


( A Israël Lancho )

hier.
trois toreros.
un sextet de sagaies.
la vibration
à la lumière noire
sourde
lancée vers
trois coeurs sans limites
mais hâves
et pétris d’incertains.
j ‘ai vu leur sablier.
la silice devenir
croûte abrégée
du chemin.
les corps voulaient
sucer leur effacement
mais
six nuages
longs
de combat
allongeaient les jonquilles
et le sang.
tam-tam
bourbe
serge rouge
sans rien d’autre
que la tache crue
du soleil sur le front.
une nano seconde.
la mort a voulu
glisser
sa semence
la vie a mis
sa bouche
sur la cloche
qui sonnait sous la soie.
ce soir
la déroute et la fascination
taillent les pierres
de la ravine
qui nous mène
vers la fosse
où le ciel se resserre.
une arène.

ludovic pautier

mercredi 27 mai 2009

Chemin de vic 2 ( partition rouge )


je me lève je me lève

moi dont le piétinement fait trembler la terre

moi dont les reins sont pleins de force

moi dont la queue fouette le dos si j'enrage

moi dont la bosse enferme le pouvoir

moi dont la fureur secoue la crinière

moi dont les cornes sont pointues et recourbées


( "le bison se lève" in partition rouge/ anthologie / poèmes et chants des indiens d'amérique du nord / traduits et présentés par jacques roubaud et françoise delay/ éditions du seuil collection points )



bueno , despues de eso creo que ya es tiempo de ver el corridon de palha en madrid...


rachido de palha, toro important de la san isidro 2008

mardi 26 mai 2009

Chemin de vic 1 ( solea de la boussole )




tous les jours, si possible jusqu'à dimanche, un bout de ruban ensemble jusqu'à vic.
en fait, la route a démarré jeudi dernier quand morante a enfermé dans son capote un bâton de sourcier pour tracer un bréviaire qui scarifie encore le sable de las ventas.



morante semonce nos émotions. pourtant, s'il vient du ventre, son chant a nécessité d'un corps. ce corps c'était celui qui flottait en absence. celui du taureau. l'autre pôle de la boussole indispensable à la quête de l'équilibre entre éthique et esthétique.



ce seront donc images , mots propres ou mots des autres au compas d'une solea de la marche poétique des tauromaches pour mieux débusquer le cairn magnétique ( olivier disait aussi torosophe, il l'a abandonné , j'aimais bien...).



il y avait
l'étrave
le soc
la pointe de silex
déchirant les coeurs
poussés sur nos avant-bras
avec l'étreinte mouillée
de douze véroniques.

et sous l'éclair tordu
de la chicuelina
le sentier s'est laissé
prendre.

chemin de VIC.
very important chemin.
chemin faisant sac.
poche réduite.
de nos rêves
de taureau culte
bu.
j' y avance
pour humer l'animal
qui semblait disparu.

son odeur et son bruit
dans un oratoire intérieur
palpitent.
autant de loses sur ma route
patience
du palimpseste
et du terrassement.



nb : les photos sont des clichés des oeuvres de richard long, artiste issu du land art sauf celle du pré et du bovin illustrant la disparition du taureau, oeuvre de jaroslaw koziara.

jeudi 21 mai 2009

Le mien venin ( Archipiels 23 )


les fleurs
ont mangé
le sable
.
bleu le tranchant
d'une lame
sur la bouche
a poussé à l'envers
.
un sexe
a saigné
dans l'anis
.
les soupirs
ont avalé
leurs lucioles
.
miel venimeux
de l'os
la dernière phalange
a saisi
l'illisible
.
ainsi
c'est un soir d'herbe blanche
que la terre a avalé nos mains
.

(señor rafael, parfois les abeilles reviennent...)

ludovic pautier

nb : photo de juan pelegrin

dimanche 17 mai 2009

Don manuel


dans le livre « saga maure » édité chez marval et sorti en 1995 , la photographe martine voyeux avait eu , parce que ses images avaient suscité son enthousiasme, la chance d’être accompagnée par un texte inédit de manuel vasquez montalban. L’écrivain barcelonais y narrait sa relation au sud. Avec talent, dérision , poésie et sens politique exacerbé.
fils d’émigrés andalous, vasquez montalban a popularisé la figure du détective pepe carvalho, héros décalé et scrutateur acerbe de la société espagnole celle de la pleine effervescence post-franquiste démocratique puis du même peuple mais mystifié par la modernité suite à des éblouissements fiévreux , médiatiques et de perlinpinpin dont l’acmé fut certainement l’expo de séville et les jeux olympiques organisés dans la ville portuaire. Autant barcelone sut tirer les marrons du feu, autant séville…
le poème, l’essai, le roman, le journalisme jalonnent aussi la carrière de l’auteur du manifeste subnormal dont on ne se réclame plus guère alors qu’on devrait s’en faire une obligation.

mais c’est à travers son alias carvalho que montalban, en faisant évoluer les codes du genre polar, a réussi à trouver un crible exceptionnel pour affronter le réel et donner sa vision politique de la société, celui d’un privé jouisseur, gastronome et grand brûleur de livres. Car s’ils sont apparemment essentiels dans son parcours, les livres , et leurs auteurs, retournent à leur condition d’objet ou de mortels à travers cette destruction de l’intime (carvalho ne brûle que les livres de son –immense- bibliothèque ) permettant de faire prendre une belle flambée au regard des désillusions qu’apportent les explorations de l’âme humaine et des rouages de sa soif de lucre et de pouvoir, de ses névroses et de ses bassesses dans un processus de démantèlement des cloaques de la transition devant beaucoup à une lecture marxiste du monde mais poétique , drôle et sentimentale , sans duperie et avec énormément de méfiance , voire de défiance envers les tenants de la parole des exégètes et des gardiens des temples de la vérité tissée autour de l’auteur du « capital ».
un seul arrêtera son geste alors qu’il avait décidé une nouvelle fois d’expurger sa bibliothèque pour allumer sa cheminée : « poeta en Nueva York » de lorca (dans « la solitude du manager » ). devant les vers du poète martyr qu’il a trouvé en ouvrant le livre, il ne peut s’empêcher de penser qu’en enflammant cela il fusille une deuxième fois federico. il repose alors le livre sur son rayonnage.
en fait il remettra son projet de réduire en cendres « l’insupportable garcialorquismo national et international » (dixit l’auteur) à un peu plus tard, lors de « hors-jeu » sorti en 1988.
on voit à travers cet épisode toute l’ambiguïté de l’auteur vis à vis du sud et de ses topiques.
Dans cette « Saga Maure » il donne une version mélancolique et assez engagée de sa relation avec ce point cardinal. La nouvelle s’appelle « clara veut faire un voyage dans le sud ».
Sans ambages , montalban parle à la première personne. Mais tourne ces propos comme s’ils étaient vécus par un autre. Pourtant c’est évident : ses parents émigrés -notamment sa mère andalouse « sudiste » de murcie - et vaincus de la tragédie de 36, sa fonction d’écrivain et de conférencier, sa belle famille et ses amis intellectuels, bref son milieu socio-culturel « nordiste », c’est un autoportrait. Ce milieu c’est le milieu qui laisse dire celui ou celle qui débite :
« le sud m’enchante. La philosophie de la vie qu’ont ces gens-là. bien sûr on doit les subventionner, mais ils sont comme l’élément fondamental de l’éco-système d’un peuple ».
lui-même ne trouve rien à redire quand on le disculpe : « oui, ses parents ont du sud, mais lui est né ici ».
il laisse dire parce qu’à un certain moment de sa « croissance économique » il a « perdu ses racines ».
tout commence par de vieilles photos. des cousins, des oncles, des amis sur un album que lui a laissé sa mère. VM écrit : « les hôtes des photographies me semblaient les messagers de ces terres dont ma mère me parlait plus comme si elles formaient la matière de ses songes qu’une réalité cernable ».
la mort de sa mère, la prémonition de la sienne au travers de ces clichés, verront la transmission de ces vies s’éteindre avec lui car il est incapable d’en parler à ses descendants, ses enfants issus du mépris « linguistique et économique des nordistes » . tout cela est dit sans acrimonie. montalban rappelle qu’il a d’ailleurs, « les pieds entravés par l’irrésolution d’une conscience qu’irrite le racisme économique et ethnique du nord, aussi bien que par le fatalisme auto –complaisant des gens du sud posant devant des miroirs truqués qui reflètent leur image de monopoliste de l’instinct du bonheur » .
il n’est pas tendre avec les parents plus ou moins lointains qui montaient à barcelone depuis là-bas en bas , profitaient de l’hospitalité que seuls les démunis savent offrir en se serrant coudes, fesses et estomacs et qui ensuite se dépêchaient de faire constater les progrès de leur promotion, l’assimilation des nouvelles coutumes assumées et commençaient ensuite à espacer leurs visites. Le narrateur ,quand ses souvenirs d’enfant frustré remontent à la surface, les appelle les « envahisseurs ».
aujourd’hui, détaché de ces parents qui avaient fui les « faims du sud » il pense avoir « payé » toutes ses « dettes » et « enterré « tous ses « morts ».
alors ce sud, aujourd’hui, il le survole quand il y part donner des conférences. il le voit juste changer.
sa femme, clara donc, l’a accompagné (ou plutôt c’est lui qui a joué le rôle de figurant dans un road-movie sociologique ) une fois en voyage juste après leurs noces pour jeter un œil libérateur et émancipateur sur ces populations de vaincus « attendant leur frantz fanon ».
mais lui se raccroche plutôt à un premier retour vers la terre natale de ses parents qu’il fit adolescent, le seul qu’il entreprit « avec cette ouverture voyageuse que réclame bowles pour distinguer le voyageur du touriste ». et c’est ainsi que quarante ans plus tard, ce couple un peu usé se retrouve sur un nouveau départ pour le sud.
clara l’organise « en revenant à la maison avec un sac rempli de disques de musiques …de guides culturels…une carte où elle dessine des itinéraires à mi-chemin du nécessaire et du possible » . lui, le désire « secret, intime, quête de la résurrection d’instants vécus » . on sent que ça ne marchera pas. On en reste d ‘ailleurs là, sur les préparatifs et les souvenirs liés à des vers de T.S. eliot :
« lire jusqu’à la nuit tombée et en hiver
Partir en voyage vers le sud »

c’est en ouvrant de nouveau ce livre où les photos sont d’un noir et blanc religieux que j’ai redécouvert ce que ma mémoire avait oublié : montalban, en s’approchant de ce territoire où sur « le sable brûlent les blancs camélias » parle de cante et de taureaux. certainement une des rares fois dans son œuvre (qu’en pensait-il réellement ? ) même si il avait une prédilection pour la copla et ses icônes (il utilisera même un titre et toute une intrigue d’un de ses polars pepecarvalhesque en hommage au fameux « tatuaje » et publia une anthologie autour du thème ).
tout d’abord il fait dire à sa mère que :
« le cousin pepe dansait le fox trot, sous la tonnelle, pendant les nuits de verbena et il chantait des soleares aussi bien qu’un cantaor professionnel ».
plus loin, dans une anecdote finale où il revient sur les terres natales après avoir loué une voiture suite à une énième virée de promotion dans une grande ville de ce sud devenu post-moderne à son tour, pour simplement respirer les atmosphères des « meilleurs étés de sa mère : le kiosque où elle dansait, la plaza de toros où l’on projetait en plein air des films de Greta Garbo… ».

là, il prend en stop un vieil homme qui l’appelle « don manuel ».
montalban le laisse croire à sa méprise tout en se disant que le réalisme magique a droit de cité au sud des suds. le grand-père lui confie ainsi que son petit fils , avec l’aide de l’assurance chômage et de quelques petits boulots, veut s’acheter un véhicule . pourquoi ? je laisse la parole et le mot de la fin à cet être chenu du sud, celui des mers , des déserts - comme dans un flash apparaît alors paco rabal dans le film d’alain tanner « l’homme qui a perdu son ombre » - et des utopies :

« seulement il a besoin de cette voiture pour aller dans la capeas, parce que mon petit-fils veut être torero. Il s’est mis avec un cousin qui veut être banderillero et avec deux petits arabes qui veulent aussi devenir toreros. Il y en a même un qui a déjà toréé une novillada. Il s’appelle chiquito de agadir. Vous avez entendu parler de lui, don manuel ? » .


le novillero aziz el bellarh



nb : photos de martine voyeux
et les portraits sont ceux de montalban et de eliot.

mercredi 13 mai 2009

Bougie avariée / Vela averiada



le 14 mai il y a un an, un rade virtuel ouvrait sa connexion.
à son enseigne , dans un grésillement de lumière d'un film de jarmush jim, clignotaient quatre mots : " los pinchos del ciego".
à l'entrée, en guise de poteau indicateur, un truc entre le tract d'agit-prop et la pancarte luckylukienne style " painfullgutch / étranger si tu n'as pas assez soif/ passe ton chemin ".
ça s'intitulait " de quoi on s'agite ici ".,
je vous invite à le relire. c'est .
des silences sincères et bâtons rompus de bon aloi s'y croisent depuis. arborescence de l'amitié et nouvelle ramure de belles rencontres se sont enracinées. j'espère avoir donné à boire à chacune avec respect, attention et poésie en puisant dans la sueur de la peau d'un monde où le partage se nomme passion.
la vie est un cante brutal mais rien n'est plus excitant que de l'entendre et d'y laisser sa chair.

el 14 de mayo hace hoy un año, un chiringuito virtual abria su conexion.
a su letrero, en un chisporroteo de luz de una peli de jarmush jim, cuatro palabras : "los pinchos del ciego".
a su puerta, a la manera de un indicador, una cosilla entre el folleto de "agit-prop" y una pancarta de lucky luke al estilo " painfullgutch/ forastero si no tienes sed / largate del camino".
se titulaba " que se menea por aqui".
les invito a leerlo de nuevo. alli esta.
silencios sinceros y charlas continuas de buen nivel se cruzan desde ya.
arbolada de la amistad y rama nueva de magnificos encuentros han echado raices.
espero haber ofrecido de beber a cada una con respeto, cuidado y poesia en el sudor de la piel de un mondo donde compartir se llama pasion.
la vida es un cante brutal pero nada mas excitante sea que de oirlo y dejarle su carne.

nb : signe ? la bougie de ce "cumple" fut un éclair foudroyant, un vrai, qui a grillé le disque dur qui fermentait forcément dans ce tonneau ( la foudre dans le foudre , ça je ne pourrai traduire ! ) qu'est devenu l'ordinateur, un indispensable à tout bloggeur qui se respecte . en attendant les réparations, les coups à boire seront peut-être plus rares...désolé.

nb : una señal ?la vela de este "cumple" fue un rayo que no cesa, un verdadero, que se ha quemado el disco duro que fermenta en la barrica imprescindible en que se ha convertido el ordenador para cada bloguero que sea. esperando reparaciones, los tragos mas escasos seran...lo siento.

samedi 9 mai 2009

Croisements





beaucoup de cargos se croisent dans mes brumes.
sombres.
et quelques hublots où croiser la lumière.
ils s'évitent tout en cherchant à se toucher.
dans leurs soutes, ceci :


las vegas, le toro bleu, un rhinoceros, jean-marie broucaret, don bull, les arts martiaux, le théâtre, artaud , le toreo de salon, el fundi ,la catalogne, jeff pledge, davis villamediana, le mot incruente , michel bertrand, le velcro, morante, sol y moscas, peter brook, l'alcool, les abattoirs, un nez rouge , montero glez , dario fo , le kitch , badila , el papa negro, zz top, juan belmonte , antoine bourseiller , une botte de paille, jose tomas ,albert boadella , mishima , ...

n'essayez pas de comprendre quoi que ce soit.
essayez juste de m'aider à rerouver le fil labyrinthique qui m'a mené jusqu'ici ces dernières heures.
si je me retourne, des empreintes.











et enfin :

" un formidable appel de forces qui ramène l’esprit, par l’exemple, à la source des conflits ". ( antonin artaud )

" se torea como se es " ( " on torée comme on est " / juan belmonte )

mercredi 6 mai 2009

Trois souvenirs de charlie ( archipiels 22 )



troisième souvenir :
sur la joue du papier, humectée d'une bordée de sel de lices, charly jonche les rames de ses visions d'un éclat où la peinture, a emmelé à de la mélancolie sans paresse des oiseaux, passeurs d'histoires dans sa vie. On ne les voit pas mais, ils volent et soulèvent des brumes d'encre qui giclent des seins de la nuit, à peine on les noue, avec un cheveu de blé.



deuxième souvenir :
c'est dans la clarté d'une photo. on dirait deux louveteaux. charly et julien. la mère , la louve , c'est un callejon. Je suis là aussi. un peu plus loin olivier, fix, mathieu quelque part et françois, zaza, vincent,jeannot, domi...des frères qu'on emprunte parce qu'on aime s'allier dans le rimmel des passions. on est là comme ludions, entre les touffes d'un pelage où suintent les crèmes de l'extase et de la crainte. des jeux un peu dangeureux, aux arêtes un peu imprécises, le poids des capes aux langues roses nous attendent. un chapeau aux carreaux « charros », une mèche agglutinée dans un fil de satin, une veste avec le reflet de l'élu, tel un étain de petite gloire. trois sourires de poisson-lunes avec des fossettes plus sombres sous les écailles. derrière la porte une chaleur sortie des petites narines d'une vache brave monte dans le froid et s'installe.c'est, dans l'instantané , un bois flotté passé avec nos âmes qui battent en creux.on devine que ce sont les nôtres, et puis le sien.



premier souvenir :
ils sont deux. ils courent. quand mathieu me raconte qu'ils courent, il rit. ils courent parce qu'un chien les poursuit. comme à chaque fois au prado, ils se sont laissés mordre. ils cherchent à comprendre encore tout ce mystère qui ne veut pas s'échapper de ce tableau de goya., « el perro semihundido », retrouvé peint par le maître sur un mur de la quinta del sordo, et qui laissa bouche bée antonio saura puisqu'il déclara que c'était « le plus tableau du monde ». je n'y suis pas mais je les imagine, cherchant refuge dans les ocres ou sous le museau de l'animal. encore un peu. regarde. c'est renaître à chaque fois dans cette solitude. ils veulent partir mais le cabot les retient par la frange des cils, avec trois fois rien dans sa gueule. et ils vont louper l'avion qui doit les ramener vers lisbonne. comment venir ici et ne pas aller caresser du regard le chien de don francisco « el de los toros »? ils courent et ils sont heureux. mathieu me raconte tout cela à l'autre bout du fil. charly est déjà reparti. , de la soie de gibraltar ceignant ses tempes, emportant ainsi avec lui le secret des derniers soupirs de tragabuches, les derniers battements de pieds effrayés de la nena, le dernier cri opaque de pepe el listillo.je comprends mieux pourquoi la mémoire jappe dans leur coups de pigments.



nb : l'iconographie , dans l'ordre :
"pepe el listillo" de charlie tastet, photo collection personelle, "el perro semihundido" de goya, "el perro de goya" d'antonio saura.