vendredi 25 juillet 2008

ciego's pause


je l'ai déjà écrit je crois.

tuer un taureau n'est pas un acte anodin. ni trivial.

le voir faire non plus.

après plusieurs corridas d'affilée on se dit que l'aficion est une lutte martiale de sentiments et d'analyse extrèmement aigue. vitale mais éreintante.

le corps et sa sève réclament un peu de paix.

les strates des enseignements de cette dernière Madeleine cherchent encore leur place.
vers une tectonique taureausophique ? peut-être.
on y reviendra.

en attendant il faut caler tout cela avec des piles de livres encore à (re)découvrir, s'éviter de rester sec en mouillant sa gorge de vin clair, réfléchir aux mots près des amitiés chaudes et suivre la bousculade des vagues.

donc,

aqui estamos cerrado por unos dias de descanso.






couvre-feu (carnet du plumaçon 7)


jeudi 24 juillet de l'an 2008. mont-de-marsan.
les gris (du ciel) gris (des pelages) ont maraboutisé l'eau plate en feu d'artifice dans la baie souvent houleuse de nos aficiones.

hier j'ai cru pouvoir un peu mieux comprendre ce qu'on pourrait entendre quand on utilise le mot trapio.

c'est au sixième de la tarde que vint la subite révélation.

il sortit comme ses congénères de Victorino Martin. l'impression laissée par la poudre de ses premières arrancadas se traduisait par un hérissement des sens. l'alerte. c'était cela, oui, 6 taureaux d'alerte. de qui-vive. mais petit à petit , surtout après les piques, ce taureau de check-point devenait un bête animal de couvre-feu. rien ne venait plus vivifier ou électriser sa nuit.
et comme pour mieux se confondre avec la masse des animaux qui rentrent docilement au pas vers l'enclos, la fiera cacha dorénavant volume, prestance, port altier, vélocité, promptitude et tout air de défi en choisissant de dégonfler son trapio.
il parut alors si seul, si loin, si minuscule et si désemparé. en fait sans recours, comme vidé de sa substance, quelque part dans un terrain anodin du ruedo. sa présence n'avait plus d'importance.

j'eus alors l'envie de tourner la tête pour ne pas assister à son humiliation. par honte pour nous, pauvres frères humains qui avec moi assistiez, ou peut-être aussi par décence envers son fer couronné, par fatigue certainement de tant de désillusions à venir car elles seront, ojala que no ! , similaires à ce que je vivais à cet instant précis.

pour les 5 autres potions du sorcier il faudra relire ce qui précède à propos du dernier taureau de cette montoise feria et opérer ce que j'appellerais, une reseña en creux.

ou aller se régaler chez bronco.
nb : pour Pepin Liria , voir ou revoir ce qui s'écrivit ici, .

jeudi 24 juillet 2008

tic tac toc (carnet du plumaçon 6)


hier.

"El ventorillo". si ce sont des taureaux alors les guillemets affichés tous les jours au sein du rond montois sont de mise, sûr.


Le quatrième exemplaire devait peindre des bodegones dans la pénombre du toril en attendant son tour avec la paire de pinceaux qu'on lui avait laissée au bout des cornes. une honte, pas pour l'histoire des arts plastiques mais pour celle du toreo.


l'animal le plus sérieux, le 5°, avait du tranco. les autres ventorillos? pues, para ventorillar...


jose mari manzanares use des canons d'une tauromachie qui , la seule, me fait sursauter même si l'adversaire donne un relief de combat à peu près lisse comme la calvitie du gallo.


toreo croisé, por dentro, rematando el toro detras de la cadera, con riñones, tauromachie de gouffre, entière et qui pèse . mucho kilates.


el juli est plus torero et poderoso de face mais au plumaçon il a choisi de surtout nous montrer ses fesses. ridicule.


miguel angel perrera a certainement avalé une horloge car sa muleta fait tic-tac, tic-tac, tic-tac...il a confondu le sable des landes avec la terre des helvètes. comme il pense qu'il ne nous a pas assez bien vanté le produit, il s'approche du client et reitère son numéro de bonimenteur au plus près du museau du cornupète. si quelqu'un veut acheter ou prendre l'adresse, il peut.
apparemment il démarche et s'enrichit auprès d'une clientèle ibère qui a toujours, il est vrai, aimé la bimbelotrie des grosses montres en faux plaqué mais rutilantes à souhait.
nota bene : je ne possède pas de tocante, un faenon de curro romero ayant magiquement fait s'évanouir la dernière qui m'appartenait il y a fort longtemps.


voilà.

c'est tout.

mercredi 23 juillet 2008

pinchos (carnet du plumaçon 5)


plaisirs et fiertés "pinchaos" dans et autour du plumaçon :






-plaisir de croiser "velonero" et de constater qu'avant internet les hommes de bonne volonté déjà se croisaient autour des arènes ou sur les chemins de la connaissance.


un abrazo.



-plaisir de "charler" avec un peu tout le monde du bonheur en guise de mascara vers 20h30 au pied de la statue de nimeño. parler de taureaux sous son égide, son fort souvenir, sa paume sculptée tenue en symbole comme protectrice des arènes de nos amours, c'est incomparable.



-plaisir de voir un aficionado intègre accomplir son devoir de présider une grande course avec une empathie et une passion communicative. un placer, señor garzelli ( y asesores).



-plaisir de croiser léon, aficionado des routes et du rail, au savoir aussi immense que sa propre humilité.



-plaisir d'avoir lucas au téléphone, sa voix sincère et de l'entendre vous dire que ce qui s'écrit ici c'est important pour lui.



-plaisir d'écouter fix raconter bucaré à céret, les mèches santa coloma de ses cheveux pour donner du rehaut à son récit qui irradiait.




- plaisir de voir laurence au palco lundi. fierté pour jacques qui devait la couver des yeux haut dans le bleu, pour papi dont le visage devaient encore plus pétiller qu'habituellement (si c'est possible !). plaisir et fierté pour moi aussi, simplement. parce qu'avec des choses aussi simples on construit toute la complexité d'une vie.




-extase enfin et honneur de voir rafa couler ses zapatillas dans les traces de la vuelta de son maestro avec ce même mélange qui nous secouait aussi les âmes : le plaisir et la fierté d'être des hommes librement rassemblés pour cette célébration de la passion du partage des forces de vivre jusqu'au bout.

mardi 22 juillet 2008

Ecumes (carnet du plumaçon 4 )


il est tard. très.


me viennent des nouvelles qui embaument la joie, le félicité.


c'est du côté de saubrigues...


un trait de soleil sous la porte. aussi simple et dénudé que cela : le bonheur.



et les taureaux , ciego ?



des trois princes de la quête partis de la tour pour toucher l'innacessible un seul est revenu chargé de calices : Daniel Luque. sous la clarté, des étoiles de peu d'incandescence, de peu de lustre mais dont certaines, au moins deux , pouvaient servir à éclairer le chemin.



les coudes du guadalquivir sont parfois si langoureux, l'eau du large fleuve si irisée d'élégances que des clapotis viennent certainement taper avec douceur certains berceaux d'enfants laissés au bord de cette onde bénie par tant de cultures raffinées. la mère de daniel a dû oublier longtemps le couffin de la prunelle de ses yeux pour que la grâce le lèche àce point. pourtant les étoiles au-dessus des langes étaient fades.



incipit humoral : depuis deux matins maintenant , les encriers officiels du plumaçon laissent suinter parfois de la condescendance un peu billeuse. un peu rance. comme certaines attitudes ou réflexions tombées des étagères, c'est vrai. ce n'est pas en invectivant la chambrée qu'on mettra un peu d'ordre dans toute la maison. les chiens (de garde) aboient...



ce matin les novillos de Bucaré avaient oublier de graisser les courroies. transmettre est un axiome indispensable en tauromachie. pour les deux autant que pour les quatre pattes. dommage car l'essence de cet élevage est bleue. ça sentait le pétrole. ça appelait les grands forages. ça ronronnait un peu trop finalement, même si le voyage était loin d'être inintéressant.



et puis.

vers 18 heures, quelque part entre l'alios et les pare-feux, l'atlantique et les ceps d'ugni blanc :

UNA TARDE DE TOROS.

alors il n'y a rien de plus dramatiquement émouvant.
La Quinta. la quinta esencia. la quintessence.
celle du bouillonnement de la bravoure, de l'intensité. pas une minute à se morfondre, à compter les points entre les uns et les autres, à tresser des mesquineries inutiles, à clamer "fù" car l'autre a crié "fa". une grande vague a submergé le plumaçon : celle de la caste du Santa Coloma. à noyer les transis, les aigris et les pleutres.

la tête hors de l'eau, 3 matadors, 9 banderilleros et 6 varilargueros ont su récolté des écumes pour leur donner chair à nos yeux. le reste n'est que sable des mots.

lundi 21 juillet 2008

Une ombre et une étoile ( carnet du plumaçon 3 )


Alors voilà : vous montez au plumaçon, vous avez toute l'illusion du monde. sous la pulpe des doigts le papier glacé du précieux sésame semble frissonner. (surtout ne pas le froisser ce billet).


il y un air de gravité dans les regards connus que vous croisez. vous vous êtes habillé en noir et sous ces écorces de suie quelque chose palpite un peu plus fort. claro. es tarde de Miura.




Et vous assistez à un défilé d'invalides,blessés (le premier à la patte arrière droite), passés au taille-crayon. à un massacre en règle par des types montés sur un canasson et qu'autrefois, quand leur nom était imprimé sur les affiches en aussi gros que celui des belluaires, on appelait toreros. à un opéra-bouffe dont le livret est signé juan jose padilla. à des invectives fusant de la masse à tout va, en tout (non)sens. voilà. notre époque s'ose à tout. même à enlaidir les légendes.




Rafaellillo. son coeur je crois l'avoir entendu tellement hier il battait fort sous le chaleco.


2 oreilles. a ley. murcia est une terre d'amandiers et de vérité sincère. on laboure la terre des uns avec la puissance des sentiments de l'autre. parfois il y croît des hommes libres. c'est toute une émotion que de les voir grandir puis partir (pepin jimenez, pepin liria). sur ce limon la planta de rafaellillo a encore poussé de quelques mètres hier au soir.




Torrestrella. si miura claque comme un coup de glotte , ce nom-là c'est pure poésie. une tour et une étoile. les champs et les cercados à perte de vue autour de l'édifice. un astre juste au-dessus pour éclairer les taches de charbon finement éclaboussé de grain de lin, de gouttes de rouille. le silence les nimbe. dans la tour trois chevaliers se préparent à une quête, à dérober un graal caché dans le manteau d'une nuit à 6 croissants de lunes. ils se regardent puis il s'étreignent.


vamonos !

dimanche 20 juillet 2008

Aleph (carnet du plumaçon 2)


A.
La A de Zahariche.

Aleph.

la tête de troupeau qui se couche
puis se retourne.

brûlerie
de la méfiance de la caste de l'instinct

le squelette plus long

nécessaire
pour puiser le poison
au bord du puits des légendes.

A.

je l'écris
il me regarde.


alors ?
alors s'habiller de noir.
ainsi ce respect du sang
qui coulait des blessures de Pepete
d'El Espartero
de Manuel Rodriguez
qui suit la rigole des siècles
jusqu'à nos mains
Roger Dumont l'a toujours eu
l' a perpétré
arrivé jusqu'à nous
mathieu
moi
drapés de nuit
nous conjurons la faux
en croyant
que les tourments sont des nuages
seulement sales.


peut-être alors qu'il pleuvra.
peut-être alors que la sciure
les copeaux
de la tauromachie de damaso
resurgiront


je pense à Bob
qui m'avait soufflé dans une volute
nacre
de fumée :
"le petit radis noir d'Albacete"
est immense
et je l'aime.


je les sens
ils sont 6 ils sont noirs
dans l'aveugle tanière

le mozo serre un plus les attaches
du costume
un peu plus qu'hier
en soufflant pour lui-même

"MIURA"

vers 18 heures
mon âme volera
jusquau crâne du portail

s'inscrutera
dans chaque pore du granit
de la borne
marquée du A
pour caresser

la peur.

comment ?
l'Aleph
est une puissance inexorable
et c'est tout.

samedi 19 juillet 2008

approches ( carnet du plumaçon 1)


"Lorsque je me retourne vers le Sud voilà
cette haute main cette paume sur le soir et noire
d'astres criminels...

quan m'arreviri entà Meiijorn aquera
hauta pauma de man suu véspe soma
de lugrans criminaus..."

(Bernard Manciet / "Per el Yiyo"
traductions de l'auteur
éd. L'Escampette/1996))



samedi.
c'est le jour du voyage.
pessac/mont-de-marsan.
les landes girondines d'abord
après avoir laissé les vignes.
l'ancienne N10.
la chaleur ici c'est le feu.
puis la sérénité et l'ombre des premiers platanes.
puis celles des pins.
l'incise à leurs troncs
sert de rosaire pour aller jusqu'au cimetière de trensacq.
là où repose le grand corps de Manciet.
le chantre même s'il s'en défendait.
je me rappelle olivier me racontant.
sa carcasse de commandeur ébrouée
sous l'effet des lampées aurifères du jurançon.
quelque temps avant sa mort.
les vers qui ont troué sa chair doivent avoir aujourd'hui un goût de petit manseng.

encore la route.
la bruyère comme une borne.
la litanie des villages qui rapprochent l'odeur des mousses et des aiguilles de celle de la fête.
les trilles et le craquements des mues de serpent
du bruit des cuivres et des chants de soif.
il y a de la lumière dispersée sur les fougères.
le vent.

Moustey.
on s'approche
on voudrait pourtant tout ralentir.
les taureaux font gicler du sable de leurs sabots.
la poussière étale sa temporalité.
le mayoral a les yeux dans ceux de ses protégés.
ils se scrutent.
pourquoi ne m'as-tu pas laissé là-bas ?
je t'ai choisi pour m'accompagner.
demain je serai fier de toi.
si tes yeux le disent...

vendredi 18 juillet 2008

Madeleine blues (V et fin)


dernière bouchée...

avant les premières gorgées d'un cru qu'on espère millésimé.

à partir de dimanche, les chroniques 2008 seront sur le comptoir.

a quien le apetece, a pinchar !




Jeudi. Madeleine pleurera ? A l'heure des bilans certainement. De rage et de désillusion.

En attendant, dès ce matin : " a los toros ! " . Quoi ? Ce matin ? A 11 h ? Une novillada ? Mais qu'ont-ils donc à nous proposer des spectacles taurins après le bol de café avalé à toute berzingue ou à la nuit tombée à l'heure des tertulias de comptoir ? Plus le temps de traîner, d'imaginer, de laisser nos rétines s'étirer dans le temps suspendu d'une trinchera aperçue la veille. Stakhanov aux arènes. Crésus aux guichets. Je ne cautionne pas. Je n'y vais pas. Je dors , je bois l'apéro ou je joue à la pelote. Mais pas mes fesses sur les gradins à 11 h !


A midi je suis désarçonné. Tout à côté un groupe de commensaux parle de flamenco. C'est un salmigondis de culture échafaudée à partir de spectacles ingurgités, de disques passés en bouillie de fond sonore , d'escapades andalouses en bus et de passages de troupes " festeras " sous les toiles suintantes des casetas des ferias françaises. Ils adorent " Cameron de la Isla " et trouvent la danseuse du groupe de leur peña trop allumeuse. Et j'arrête là parce que la suite est moins reluisante encore. Les bas-fonds du débat. Je m'assoupis sous un soleil extrait d'une parcelle de Sauternes. Je pense tout bas : " Saber escuchar " est aussi valable et d'actualité en taureaux, en flamenco, comme en pitrerie.


L'après-midi. Bonheur de retourner aux arènes avec l'ami. Les pas mesurés, les arrêts de soif, la fumée des cigares, l'émotion des paseos importants.
Mais cette année tout est vicié. L'air ambiant est quelque part irrespirable. L' harmonie municipale joue beaucoup trop fort. On sait d'avance que la musique silencieuse du toreo sera à la peine. Elle le fut.
Victorinos moruchos, fades ou alors incisifs et intéressants mais remisés entre les plis de serges rouges " effectistes " , fatiguées ( Padilla, Meca) ou tirant démesurément sur le vert tendre ( Robleño ). Public exécrable et n'attendant que la fin pour pouvoir enfin se défouler en scandant les noms des responsables du désastre. Il fallait que ça éclate. Ce fut bien timoré, un peu rassis et à moitié juste ( la commission taurine de la ville, la politique des édiles, rien de tout cela ne fut conspué ).
Madeleine a un goût de beurre rance et d'œuf pas frais. Mais c'est Madeleine. C'est irremplaçable. Je crois qu'un type a déjà écrit quelque chose là-dessus…


Epilogue : le soir même. Peña " A Los Toros " .
Je suis dans la demie obscurité que forment souvent les palabres et le vin. Je pense à Mathieu qui n'a pas pu être là. Pour la première fois depuis plus de vingt ans…
Zocato et Serge parlent, j'interviens un peu, le rosé exhale , j'en bois beaucoup. Ils m'ennuient délicieusement avec leurs chiffres, leurs moqueries, leurs indignations …ils ont raison, c'est sûr, c'est eux qui ont raison…
Mais je suis déjà parti, je m'évapore dans la terre qui mène à la lune des taureaux. Celle des yeux verts dont rêvait Fernando Villalon .

jeudi 17 juillet 2008

Madeleine blues (IV)


le jour j approche et il faut que forcing se fasse pour caler ma vieille chronique.

en la relisant je constate que j'appuie un peu pas mal sur l'escalier 6.

ce n'est pas la première fois que je me trouve en butte face à leurs assertions marmoléennes et parfois douteuses, voire révisionnistes ou du moins fallacieuse de l'utilisation de l'histoire de la tauromachie.

leurs éditos distribués pendant la feria sont toujours d'une telle rigueur implacable mêlée à d'intenses et grandes déclarations quasi félibrigistiques d'amour du sud et de sa culture que c'en est glaçant. il me parle d'idéal d'aficion et je vois pointer le comité de salut public et son couperet. faut dire que j'ai la nuque raide. mais j'ai du mal à déglutir parfois.

espérons simplement qu'ils auront retrouvé un local cette année pour qu'on puisse ne pas se contenter de leurs réquisitoire, si brillants soient-ils.



Le problème avec le mercredi c'est que c'est un peu le ventre mou de la fête.


Mon problème avec ce mercredi, c'est que la veille, après les bulles et la soleà por buleria déjà chroniquées, il a fallu continuer à s'instruire. En finissant le marathon de la tchatche et de la soif à la peña escalier 6.

Quand la nuit s'apprête à pondre le gros œuf blanc du jour , quand elle devient laiteuse et maîtresse fuyante, il faut en avoir dans le pif pour défendre Javier Conde devant une escouade de types qui reviennent de Céret avec les testostérones regimbées, qui ont des convictions ciselées dans un marbre antédiluvien et qui conchient , en gros , les " toreristes ", les pédés et les vachettes. Je me souviens avoir tenté d'en appeler aux mannes d' Antonio Bienvenida tué au campo, renversé par une " vaquilla " . Et d'avoir certifié que les toros eux-mêmes, et ceux de Céret aussi certainement, font leur coming-out sans modération dans les corrales. Mais bon … Autant d'aigreur, de refoulement et d' idéologie brun vinaigre réunis dans un aussi petit local, même à ciel ouvert, c'est mauvais pour ma moyenne en philanthropie. Je suis rentré circonspect avec la mèche allumée.

A noter qu'au " Moun " on peut encore siroter un verre et deviser entre gens civilisés à 6 h du matin. C'est pas chez ces tafioles de dacquois qu'on peut voir ça !!! ( copyright escalier 6 ).


Ceci dit , j'ai l'air malin aujourd'hui après la scandaleuse répétition du Conde-show de la veille.

Je veux croire qu'au même âge Curro et Paula avaient un peu plus de " vergüenza torera " . Quant à l'escalier 6 , c'est pas grave, j'irai boire un coup ailleurs.



Sinon Cesar Jimenez a du voir et revoir les vidéos d' Ortega Cano sauf qu'au niveau du toreo c'est pas encore ça.

Quand Ortega faisait son dandy ayant perdu sa blague à tabac en plein Waterloo, Cesar fait son dindon se dandinant dans la ferme des célébrités.

Et puis la musique ! la musique ! voyez plutôt : chacun de s'esbaudir et d'applaudir à tout rompre le solo du trompettiste sur " Nerva " et de remettre ça quand le même trompettiste rejoue le même solo du même paso ! bien entendu sur la même faena…on croit rêver . Ils ont du répéter ce matin à porte fermée tous les deux , la trompette et le belluaire, sinon ce n'est pas possible.
Julien Lescarret assure, c'est à dire qu'il ne s'est pas attaché les "machos" juste pour de la figuration, mais n'est pas bien. On me dit qu'il a été cet après-midi à l'inverse de tout ce qu'il a montré à Vic et puis aussi à Bougues. Eh bien tant mieux, " otra vez sera " .


Pour anecdote les opposants provenaient de l'élevage d'Alcurrucen . Malheureusement le début de la phrase en est le paradigme : " pour anecdote.. ".

mercredi 16 juillet 2008

Le ciego n'aime pas les gens


Ici débute une nouvelle rubrique qu'on pourrait qualifier d'excitations de comptoir. classique. comme la première d'entre elles s'adresse à certains empaffés de la rédaction de charlie-hebdo j'ai donc décidé de leur rendre hommage en paraphrasant un titre d'une de leurs tribunes, signée par charb, et qui dit la même chose mais pas avec le ciego mais avec charb. bien sûr. tout le monde avait suivi. donc voilà.



Charlie Hebdo est en vente libre.

c'est bien parce que comme cela je peux l'acheter. et le lire.

un réflexe de libertaire ? mouais.

un zeste de transgression ? franchement il y a longtemps que les bals ne finissent plus aussi tragiquement qu'auparavant, à colombey comme à crampet-la-molère.

un goût de la provoc ? hé, j'ai plus quinze ans. et puis même ma grand-mère l'a déjà lu sans sans sourciller. ô tempora, ô mores.

non, parce que j'aime y retrouver ce zef un peu iconoclaste et sans détour qui se faufile quand on y évoque le cinéma (jb thoret), la littérature (polac), la chronique de moeurs (philippe lançon, ryad sattouf ). ou encore le plaisir du trait de génie parfois de willem, les rires qui fusent souvent à la lecture des brèves ou à la vue des couvertures auxquelles on a échappé. et puis la mauvaise humeur bourrée à la mauvaise foi elle-même fourrée à l'irrévérence totale et enrobée d'une couche d'amour sans borne du jazz ( et du cante aussi d'ailleurs) de cette cloche de siné...

mais il y a longtemps que les péroraisons de val, la plume délavée de cavanna ou les fourberies d'oncle bernard (il a un jumeau qui ânonne un catéchisme à peu près social démocrate sur certaine chaîne de tv (quoi ? vous dites ? c'est le même ? incroyable !) ne me donnent plus envie de partager quoi que soit avec eux.

mais ce qui est bien dans ce journal c'est qu'on sent encore que chacun amène une pierre taillée à sa guise à l'édifice. ce qui le fait brinquebaler. le jour où ça ressemblera à une gondole de tomates calibrées et uniformément rouge de grande surface, là je me poserai la question des 2 euros de mon mercredi matin. pour l'instant, pas trop de regrets.


mais pourquoi tout ce tabac ciego , autour de ce journal ?


ben parce qu'à charlie il y a aussi luce lapin et ses puces. une lapine avec ses tics plutôt. elle est sympa luce. c'est elle qui tient la rubrique du copinage. sinon elle s'occupe de ses chats que je sais être fort nombreux. mais sa fonction à luce c'est avant tout d'être la dépositaire de la flamme anti-corrida qui doit animer tout collaborateur de charlie-hebdo.

du coup elle est copine avec les chefs du crac et du flac. avec renaud aussi. le chanteur engagé. ah! renaud ! tout fait ventre chez lui : l'apartheid (via johnny clegg ), coluche, thatcher, le 11 septembre, les basques, le somport, le 11 septembre, doc gynéco ... (si, si je peux vous retrouver les dithyrambes qu'il a tissés au sarkophile enkysté du bulbe). et puis la corrida. à chacun de ses concerts il y a un stand pour signer des pétitions à charge. vous pouviez pas le louper dernièrement vu qu'il était juste en face de celui pour le comité de soutien à ingrid , que je ne vous présente pas. bien vu !


donc , luce pond ce matin une sentence :


"A mon pote le chanteur

Tu as gagné pour Ingrid,
tu gagneras pour les taureaux."

ben quoi ! z'avez pas vu le séchan avec une moustache colombienne un jour, un béret vénézuelien un autre, une machette et un coupe-coupe dans la jungle par-ci, aux commandes d'un hélico par là ? allons, un effort...oui, ça y est. ben oui, Ingrid libre, c'est lui.

et c'est pas fini, donc.

tantantan ! les taureaux maintenant !

question : comment va-t-on arrêter celui qui a gagné pour Ingrid, nous, simples et vils aficionados ? épargnera-t-il , magnanime, la partie du bon peuple tauromache qui a a pétitionné, monté des comités, foulé le pavé, pleuré devant la télé en faveur de la nouvelle égérie médiatique ?

peut-être. un quasicon mais disciple de victor hugo, du commissaire moulin, de derrida et madame de fontenay a un sens de l'humanisme qu'aucun des barbares qui montent aux arènes ne peut soupçonner. comment le pourrions-nous, nous dont les seules lectures seraient le chasseur français et mein kampf (quand nous savons lire, bien sûr) ?
par contre , moi je prépare mes valoches parce que perso j'ai rien signé.
pour la betancourt, s'entend.
pour le reste, voyez de ce côté.

autre question ,corollaire de la précédente : ou se contentera-t-il de faire une chanson de merde de plus pour gagner trois picaillons ?

bon, sur ce je vous laisse, j'ai un civet de conil à la moutarde qui m'attend moi.

le ciego ne vous salue pas, il soôort.

nb : cette rubrique se retrouvera par la suite dans le menu "de tertulia" à droite.
parce qu'on ne mélange pas les broncas et les serviettes.

lundi 14 juillet 2008

Madeleine blues (III)


Suite des ronds dans l'eau des souvenirs de cette Madeleine un peu rassise.

Que ceci conjure le sort ! ya falta menos 5...



Mardi avait bien commencé, le corps apaisé et un délicieux apéro à la cave de Christophe en matinée.

L'après-midi s'est mal poursuivi. Javier Conde à la dérive, Castella noyé, Vega sans vent dans les voiles et voilà nos marins d'eau douce embarqués sur six caravelles de Jandilla aussi vides que six coques de noix. Un naufrage.

Dans ces histoires-là il y a toujours un rescapé et un radeau de la méduse à cornes. Ce fut le 5°. Le moins dans le type de la flottille mais tout de même celui qui , au final, tenait le mieux le cap de la caste pétillante. Le quartier-maître de Béziers voulut s'obstiner à naviguer petit bras, comme s'il voguait sur le canal du Midi alors que l'autre lui demandait de hisser la grand voile vers les effluves salées de l'embouchure du Guadalquivir et de là, zou ! la grande bleue, l'immensité du ciel atlantique et des millions de poissons volants et d'oiseaux exotiques.
En cale sèche et aux arrêts … Corrida en eau saumâtre.


La nuit ça c'est amélioré.

Le cante a perlé du ventre et des lèvres de la cuadrilla de Conde à la caseta de Pedrin. Qui, soit dit en passant, fait le sagouin chaque année, en proposant aux flamencos qui s'activent dans sa peña une sono qui ferait sursauter les durs de la feuille du club des chiffres et lettres de Monségur.

Sinon le " Rebujito " au litre ( manzanilla + Seven up + feuille de menthe ) c'est une excellente idée.

vendredi 11 juillet 2008

Zeus, un titanio y el pesquero (noche de cante)







El Lebrijano



tal un zeus herido lebrijano levanta un dedo
de su mano celestial y suelo con empezar :


"truena"



convoca la tempestad y los relampagos
pasandoles por su boca
el anillo de su garganta
y duermen en su estomago dolido


un rato


aparecen domesticados
en la brecha de su vientre
saliendo de su boca igual
que 6 toros embarcados
por una corrida divina.



y si dice nada mas
que antonio el camborio
desde la piedra donde me arrime
tiene sabor tibio
la fina mar de lluvia
que embruma
a mis acais.




Jose de La Tomasa



su cuerpo desembarcado
de la isla de titanios
pone continente de herencia
en la silla de cante


en el
todo es ancho y estrecho
alfiler
y caverna
hacha y miel
Pies de Plomo
y cara de angel desolado
Torre de faraon
y hoja de acanto.


desde el iman contrario
donde respiro
mis entrañas van y vienen
tal un mareo
que no quiere quitar
cuando coloca la barrena
en los territorios del taranto.



Luis El Zambo



A luis las camas inmensas de limon
que abraza
pues desenlace
al ofrecer su alma negra
que late
envuelta de tejido blanco


cada grito es fisura


en el tiempo
en la falda de Santiago


en las escamas de su pesca
en los oles de familia


en la pezuña del polvo


y en la fisura misma
donde todo
deslizaria
a hora de morir
o de nacer
porque quiero
su garganta por seguirya
como cuna o feretro.




mont-de-marsan/10 juillet 2008/cafe cantante saint roch/20° édition festival arte flamenco








mercredi 9 juillet 2008

confrontation totale ?





"Voilà bien longtemps que nous n'avons pas vécu un événement de cet ordre. Je veux dire aussi riche, aussi « divers » dans son apparente simplicité, un événement « total » au sens le plus exact du terme. Qu'est-ce à dire ? Qu'il comporte quantité de couches, d'épaisseurs successives que l'esprit n'en finit pas d'éplucher."



Voilà ce qu'a écrit JC Guillebaud dans son dernier billet "Paris-Province" qui parait dans le Sud-Ouest Dimanche. Il est donc daté du Dimanche 6 Juillet.



Evidemment il parle d'Ingrid Betancourt.
ou de Jose Tomas ?



L'actualité apporte son lot de corrélations confrontatives intéressantes.



Lot dont nous sommes friands, demandeurs, quêteurs, avides.



Le monde de la politique, du fait divers, de l'économie ou du sport vivent sous le feu permanent de l'avénement de l'événement total. C'est une matière première indispensable à la bonne course de l'information continue et mondialisée.



Ce qui a secoué le mundillo au mois de Juin avec la JT story est inhabituel. Ou alors on le met en relation avec la queue de Palomo Linares coupée à Madrid, certains hauts faits cordobesistes, c'est à dire avec des événements très anciens, antédiluviens même si on compare avec le reste des thématiques citées plus haut et leur renouvellement permanent de spectacle à haute tension.


La blogosphère taurine, les plumes officielles du journalisme taurin traditionnel, les aficionados en général se sont trouvés comme dépourvus, certains submergés, désamparés, catastrophés,d'autres surexcités, aveuglés, tétanisés devant cette montée spectaculaire du phénomène et de sa geste épique madrilène, de sa mise en scène, de sa dramaturgie, de son sillage...En fait si on est obligé de remonter si loin dans le temps pour oser des comparaisons (donc vers un temps où la diffusion des événements, et leurs contextes, n'étaient pas du tout comparable à celle d'aujourd'hui) c'est qu'habituellement c'est la planète des taureaux qui a toujours été un événement total en soi. C'estun tout, un flux unique, une seule épaisseur, une cosmogonie. L'irruption de l'événementiel JT dans ce monde-là paraissait faire exploser bien des choses. Il intervient de plus à une époque un peu ronronnante et apathique, comme si cette époque de la tauromachie attendait et réclamait elle-même cette immersion dans la modernité de l'actualité.


Mais ce qui frappe depuis le 15 Juin, c'est le silence assourdissant qui suit l'événement.


Jose Tomas ne dit rien, on n'a pas de nouvelles, ou sans plus. Pas de journaliste cherchant à "scooper" en allant le dénicher où il se repose par exemple, ou cherchant à obtenir des déclarations fracassantes de Boix, du Fundi (même les chirurgiens taurins indiquant qu'il avait un rapport très particuler, presque pathologique, à la douleur n'ont trouvé que peu d'écho à leurs propos. Il faut dire qu'ils ne les présentaient pas pour être des "bombes" de "révélations". Ils diagnostiquaient, simplement. Mais la capacité des toreros à encaisser est une norme dans ce qu'en savent les tauromaches). Donc, Pas d'allusion permanente ou de référence obligée dans les discours de ses "compañeros", de ses thuriféraires ou ses laudateurs (ou alors de manière ouatée dira-t-on). Même sa réaparition ou son mano a mano avec Morante ne phagocytent pas le reste : Pamplona et San Fermin sont sur toutes les bouches , tous les écrans, tous les écrits. On reste donc dans un univers très codifié et surtout respectueux de ses codes , de ses valeurs, de ses formes. Donc personne pour croire chez nous que la forme prime, influe, domine et vampirise le fond. Le fond et la forme reste étroitement liés. Céret va démarrer sa feria et rien n'est plus important que cela dans l'avance, la narration, la pulsation de la temporada.


Pourtant JT est dans toutes les têtes, sur toutes les bouches. Mais rien ne semble affoler l'univers des taureaux.


La personnalité de Tomas y est certainement pour quelque chose.


Mais elle est conforme à l'idéal du torero, de la toreria dans son ensemble. Il n'est pas plus et pas moins présent que chez Frascuelo qui récupère de sa cornada de cheval de San Isidro ou dans le traitement de la tragédie d'Adrian Gomez, à la fois dans sa propre exposition et dans notre propre regard à nous, les aficionados.


D'ailleurs les plazas ne se vident pas ou ne dégarnissent pas tant que ça en l'absence du diestro de Galapagar. Pas de corrida annulée même si on sent qu'un certain public singe les manières d'autres foules dans leur rapport à l'icône. Exemple : sont-ils si nombreux que cela, ceux qui ont quitté Las Ventas après le cinquième taureau le 15 Juin ? Si on enlève ceux qui de toute façon , pour un tas de raison, sur une foule aussi importante, le font quand même, à combien estime-t-on ce phénomène ? je n'ai lu aucun chiffre là-dessus, juste quelques témoignages choqués, mais l'auraient-ils été si la tarde avait été soporifique et si Mengano avait toréé ? ils ne s'en seraient certainement pas rendu compte. Comme d'habitude. No pasa nada.
Nada parce que tout se passe dans tout et dans rien. Du grain de sable aux parements du costume en passant par la couleur de la robe notre voisine de tendido et la devise mal accrochée au haut du morillo du morlaco. Du vent qui souffle, de l'horloge qui retarde, du vendeur de JB, de la manière de dire "voy, voy, voy" du mozo de espada dans le callejon, de la voltereta soudaine du diestro surpris ou se trompant...


Yannick Olivier est élogieux à propos de Florence Delay dans un commentaire récent. Grâce à ce retour sur cette grande écrivain je me suis attardé de nouveau sur ce qu'elle dit dans sa préface à "La solitude sonore du toreo" de Bergamin pour justifier ses choix de traduction :


"Comme tout art universel, le toreo possède un langage particulier, connu de ceux qui l'aiment et de ceux qui le pratiquent. Bref connu du mundillo, ou du petit monde. Or Bergamin n'a jamais parlé du toreo qu'en fonction du grand monde. Celui qui inclut la planète terre (aussi ronde, mais un peu plus grande que l'arène) et la sphère céleste. A travers le miroir de la tauromachie, la corrida qu'il commente est la course de notre vie. La lidia, notre combat avec le monde."


C'est puissamment irrémédiable. Non ?


Dans l'actualité par contre, la libération de Betancourt suit son story telling éhonté et forcené, distordu, presque mécaniquement, sans réflexion, écoeurant, irrespirable. Donc cette irrespirabilité nécessite de l'air frais, une fenêtre ouverte, n'importe laquelle. Alors on les ouvre toutes. Sans aucune explication, ni cérémonie ou par simple usage. A tout vent se retrouve la masse. Les couches dont parle Guillebaud s'emmêlent de nouveau d'elles-mêmes, entassées, empilées, informes. L'épaisseur n'apparaît plus que comme une boursoufflure. On assiste à tout cela, blasé, ni hagard ni grisé mais perdu et content de l'être, en somme. Bien sûr des analyses et des révélations viendront. Mais ce n'est pas sûr non plus. On s'en fout un peu de toute façon. La caverne platonicienne continue d'abriter en son sein le feu et les ombres projetées du mythe...

Mythe, c'est justement un des titres dont veulent absolument affubler JT ses pires détracteurs, ses acharnés de l'immolation. Mythe, c'est aussi à ce titre que voudraient le voir aspirer ses adeptes les plus bornés.


Faut-il leur rappeler , aux uns et aux autres, que le seul mythe, le seul totem , comme l'a si bien écrit Olivier, c'est le taureau. Et que l'homme qui officie dans la cérémonie, de l'habillement jusqu'au combat, est simplement le catalyseur de nos transgressions. Nous pratiquons à travers lui la plus forte, la plus controversée, la plus difficilement défendable, la plus proche de nous parce que la plus vraie des transgressions, la plus liée au sens de la vie : la mort.



nb : el señor Sol y Moscas nous régale d'un premier tiers de haute volée à propos du thème.
nb2 : la photo de Jose Tomas est de Jon Dimis.
Celle d'Ingrid Betancourt...no se.




Madeleine blues (II)


Rappel : en mise en bouche pour la Madeleine qui s'annonce, une chronique de l'année où Victorino amena pour la dernière fois 6 pupilles 6 au Plumaçon. En espérant que cette année, pour son retour, il soit plus sérieux qu'à Segovia ou Algesiras. Comme à Cordoue par exemple.

Allez le victorin, on t'aime quand même.





Le lundi ça s'aggrave au niveau de la gueule de barrique. C'est descendu vers le foie. Tout tourne au ralenti. Même Madeleine. Surtout Madeleine.
Devant nous, depuis quelques années maintenant, à peu de rangs de distance, le coin est " animé " par une bande d'énergumènes. En fait, au départ, ils ne font rien d'autre que s'arroger un moment important et folklorique ( au bon sens du terme ) en vigueur dans certaines arènes : la merienda ( le goûter ) au 4° taureau. Celles de Pampelune ou d' Almeria sont célèbres. La première par son apparence de bacchanale; la seconde parce que la course s'arrête carrément et que les napperons sont de sortie.
La tendance de nos oiseaux de tendido est hybride. C'est soft-gras et sâoulographie-light . On dirait des buveurs mondains harnachés en " festayres " du feu de dieu. Bien sûr ils ont aussi le monopole de la répartie, de l'invective, du trait qui fait mouche et qui mouche, de la drôlerie en baril, de la voix qui tonne et troue le silence de quelques bons mots ou leitmotivs adéquats ( cette année " mùsica " aux moments, forcément, les moins appropriés ). Tout ça dans un espagnol de casse-croûte, comme de bien entendu. Mais qu'ils s'assument nom de dieu ! Qu'ils mènent " batsare " jusqu'au bout ! Ils m'énervent avec leurs petits sandwichs et leurs petits plats mitonnés et rangés dans des barquettes en plastique. On dirait une réunion Tupperware aux arènes ! Et ils ne font jamais tourner les bouteilles ces égoïstes et ça…ça me met vraiment en rogne. Malgré la langue de trois kilos que je me tiens.
Sinon aujourd'hui , au menu, il y avait 6 taureaux de JL Marca , qui auraient fait une excellente daube au Corbières accompagnée de carottes confites sauce au verjus, ainsi que trois messieurs en bas roses qui plissent et dont j'ai déjà oublié le nom.
Ah non ! il y avait le Juli, " Mù bien " , très " torero ", technicien hors-pair avec ce qu'il faut de profondeur pour oublier quelque peu la vacuité des bovins.
Il y avait aussi Matias Tejela qui a coupé deux oreilles…C'est bien pour l'escalafon ( c'est le classement ATP des matadors ).

mardi 8 juillet 2008

humeurs de foi en crise




Après l'euphorie du chupinazo, c'est la tension qui chute.


une fois n'est pas coutume, le ciego offre une tournée générale de billet d'humeur, de gueulante quoi.


Au départ un simple commentaire sur le site de "Campos y ruedos" (d'où l'allusion à l'érotisme du début). Ensuite l'impossibilité éthique de ne pas aussi en faire part sur ce site.


alors voilà :


Dans divers blogs, il y a, depuis maintenant quelques jours, des photos beaucoup moins érotiques de taureaux mutilés, afeités et saignant des cornes (burgos, palencia, ciudad real).


Les articles papiers sont clairs et durs la plupart du temps (lire à ce propos le post sur toroprensa). Par contre pas un mot dans les médias officiels de la webosphère.


En gros, d'un côté le publi-reportage des possédants du coffre-fort de la fiesta, sciant la branche sur laquelle ils sont grassement assis et de l'autre de plus en plus d'entités diverses écoeurées (il n'y a pas d'autres mots, les photos sont à mettre sur n'importe quel site antitaurin pour définitivement nous mettre à dos des centaines de personnes normalement constituées et pas du tout "terroristes" comme on voudrait nous faire croire) écoeurées, donc, par tant de cynisme et finalement de peu de respect de l'objet de notre amour à nous.


C'est effrayant.


Alors il y a Pamplona par exemple...mais ça ne vous fait pas bizarre à vous de savoir que les mêmes sont des deux côtés du manche ? C'est la même fiesta brava ? Non, mais c'est les mêmes qui fabriquent les vessies et les lanternes, donc c'est plus facile de nous faire prendre les unes pour les autres.


La corrida à deux vitesses est là et bien là. Le problème c'est qu'en Espagne l'autorité publique fait de plus en plus dans la figuration, laissant les mains libres à ceux que Felipe Garrigues appelle "les taurins dégueulasses". En france il y a une forte tradition de contre pouvoir des aficionados (même si elle tend à s'émousser) mais en Espagne ce fut toujours l'autorité publique qui s'occupait de veiller aux droits des uns et des autres (là aussi ,suivant les époques, il y eut des dérapages). Cette notion semble s'étioler.Et c'est catastrophique.


Je vais de moins en moins aux arènes et avec de plus en plus d'appréhension et de mal être. J'imagine partir à Burgos, passer une journée d'aficion (discuter, "tertulier", réfléchir, ir de copas, prendre du plaisir à s'enfoncer dans cette ambiance si particulière de los toros...), tu montes aux arènes et PAF ! tu prends ce spectacle honteux dans la gueule.


Bref, je crois que je vais pousser mon aficion jusqu'au Moun avec le ventre un peu noué.


ludo

lundi 7 juillet 2008

Pamplona, Triana et Perpignan


San Fermin vu, pensé, ressenti,disséqué ailleurs que chez le ciego.




peuplé de souvenirs communs et tracé dans le sillon de la poétique des lieux.




bacchanale et pitones.




sucré/salé. j'y vais/j'y vais pas. ombre et soleil. futile et primordial.




informatif. al grano. sérieux.




rosa. furet précieux des liens indispensables. métacognitif, quoi.




gora. hommage au zezen navarrais.




triana y san fermin ? raro ? lisez et voyez.




excusé. la vidéo laissée pour meubler ravive les regrets des mélomanes qui ne sont pas partis.




reseña tous les jours. drôle. caustique.


y mas y mas y mucho mas...


on n'est jamais seul quand pendant 8 jours la capitale de la Navarre remplace la gare de Perpignan.



PS : loin de cette ferveur, un article plein d'humeur, d'humour et de savoir faire de Carmen Esteban sur " de pezon a rabo " de la condesa de estraza. parce que les taureaux n'ont pas tous une "arboleda" au moins digne et intègre à l'instar de celles du coso de la misericordia.


pincements

Oltre le dolcezze del l'Harry's Bar
e le tenerezze di Zanzibar
c'era questra strada...

Oltre le illusioni di Timbuctù
e le gambe lunghe di Babalù
c'era questa strada...

...Questa strada zitta che vola via
come una farfalla, una nostalgia,
nostalgia al gusto di curaçao...
...Forse un giorno meglio mi spiegherò...

...Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va?...

Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va mieux?...

Paolo Conte

on n'était plus là-bas mais il y avait la voix de paolo. on écoutait ça toute l'année en se disant que "ya falta menos". ça nous donnait juste la griserie des souvenirs du gas, de santo domingo, de los del bronce, du bar el ruedo, des côtelettes d'agneau, du chicochica (copa de anis medio seco y medio dulce), de la peña au-dessus de la plaza del castillo, du caldo con yema, des litres d'eau qui tombaient des fenêtres, des jours passés à se chercher sans se trouver, des jours passés à trouver d'autres locos sans les chercher , des cabezudos, de l'apartado , des fois où on s'est promis de courir et où on a juste acheté le diario de navarra, de la verbena, des dianas, des seaux de champan montés jusqu'au haut des arènes, des plumes et du goudron, de la douche du collège, de la sangria lancée au piqueros, des bocadillos salvateurs, du bonheur de se lever n'importe quand et de trouver un cosmos en fête permanente, des drapeaux français barrés d'un boicot rageur, de la chaleur, des transactions pour avoir les tickets para bullfight, des regards des coureurs, du bruit des sabots, du frisson de la foule entre 8 h et 8 h10 parfois plus, des reins des filles qui dansaient les fandangos navarrais, de l'attente au petit matin dans la voiture de jean luc que la guardia ouvre la frontière, des manifs, des bancs pours'endormir un peu enfin , des kalimotxo, des conseils de michel bres dans toros pour aller voir le txiki, de la queue coupée d'espla, de "bim bam bùm ! la revolucion " !, de "guerre à la tristesse", de françois coupry racontant comment il avait cru au divin en voyant galan porté a hombros après son coup d'épée sous l'orage, de rafa cañada en sans piqué et jean-luis haurat courant dans le callejon avec les épées à la main, de la cuajada au goût d'herbe sauvage, des vibrations qui montaient quand ceux de san juan passaient sous la porte, des calicots, de carasucia de guardiola fantoni, des amours perdus, des amours réveillés, des bougies mouillées de larmes du pobre de mi, de la peña des suecos, de la chica yeye, du blanc, du rouge, des cachirulos, des blusas, des almohadillas exhibées en trophée, des tapas de la iruña, du clarete des voisins de tendido venus de la guardia où paissaient les toracos de molero hermanos, de ronceveaux et de burguete, du soleil se lève aussi, de la statue de papa ernest bâti à sa mesure et de la canzione de paolo qu'on a toujours fredonnée sans savoir ce que disaient exactement les paroles...

aujourd'hui je préfère écouter gian maria testa et lire erri de luca mais vers le 6 juillet à midi j'ai toujours un pincement dans les cordes du piano à gauche sous la poitrine et je fais toujours semblant de souffler dans un kazou imaginaire...

allez savoir pourquoi.

vendredi 4 juillet 2008

Archipiels 9




Avant de maquiller ses arènes mont de marsan se farde l'âme en trempant son coeur dans le poison bénéfique et vital du cante jondo.


Regret : la place faite au flamenco issu des grandes familles françaises, familles artistiques et génalogiques, est depuis trop longtemps plus que chiche, car confinée sous un chapiteau vaguement bo(mal)déguisé à des heures où les grands noms de la planète des duendes caracolent sur des scènes à la mesure de leur art.


Au travers de la figure de l'ami Daniel Manzanas, ici on leur rend hommage.


Pues, desde la barra de los pinchos del ciego
Va por ustedes, flamencos de francia y del universo



Daniel a un couteau.
ce churri
un surin
une dague
ce code des saigneurs
c'est une sémiotique
incisive
pour traverser les baïnes
du chant profond
le col de sa veste relevé.

son regard est une étrave.

il fait de son corps un angle avec sa vie
mais sa vie a forme hottentote de guitare
qu’il tient au chaud à l’étui.

tout à l’heure il rentrera ses yeux
derrière ses lunettes
il prendra épaisseur.

au bout des doigt
et des ongles en biseau
s’élèvera son ombre de rage.
celle des côtes flottantes du gitan
avec ce goût de corde brûlée.

tout coulera sur le bois de cyprès
les noeuds du palo santo.

Daniel est un couteau
en forme douce et brisée.


Ludovic Pautier (A la croisée)

jeudi 3 juillet 2008

Batacazo


un fracas dans une écriture c'est signe de vie :

des échos de chute mélancolique dans la vitro-céramique d'un crépuscule au-dessus des champs de Castille.

c'est justement ces bruits et ces teintes qui se lèvent sans désinvolture si on s'approche au plus près des mots de l'aficion d'El Batacazo .




il y a des fois des textes qui vous fouettent l'empathie
un peu plus fort qu'on ne l'aurait pensé.




nb : crépuscule du côté de Daimiel.






mardi 1 juillet 2008

Madeleine blues (I)


Madeleine 2008 approche. Juillet est son mois. Pour les impétrants Madeleine c'est la feria de mont de marsan, landes , france. Mont-de-marsan, le "moun" et son "plumaçon" c'est une histoire d'amour, une filiation , un "cachito" de quête initiatique. du moins dans ma mémoire. Mais c'est ici que j'ai decidé d'en parler.Alors voilà.
J'ai retrouvé, en fouillant dans les archives, cette chronique vraisemblablement vieille de 4 ans.

tronçonnée, cette madeleine blues viendra ponctuer les jours qui nous séparent du 19 juillet, date ouverture officielle des fêtes.bonne lecture.
Précision : je la sers en pinchos bruts, le ciego ne sachant même pas comment c'est foutu un micro-ondes.


Madeleine, Madeleine … blues.

Les dimanches de Feria sont un peu à part. Il y a les vernissages d' expos, la visite aux corrales, la gueule de bois de la veille, le repas familial qui traîne, l'envie de faire la sieste et l'amour jusqu'à l'heure du premier paseo. Bref, toutes les retrouvailles aimables, amicales, cordiales, détestables, haïssables du peuple des aficionados.

Arènes du Plumaçon, Tendido alto, escalier 5, avant-dernier rang, 138 pour moi, 139 pour Hélène.

18 heures. Les pentes bigarrées du volcan s'agitent. Des milliers d'éventails tentent de prendre leur envol mais restent englués aux mains poisseuses de leurs agitateurs. indéfectiblement.
Soldeville et Soldeville Jr, sorte de Dupont et Dupond fringués à la mode de Philippe II, la plume au vent, caracolent, récupèrent la clé, font un tour d'arène, ouvrent la promenade des 3 matadores, 9 banderilleros, 6 piqueros, des monosabios et du train d'arrastre. C'est vraiment eux les chefs ! Ils en ont le ridicule vaniteux et pathétique en tout cas.

La craie du fer d' Adolfo Martin se détache sur l'ocre du sable. C'est drôlement bien dessiné … Adolfo c'est le cousin de Victorino mais comme on dit : on choisit ses amis mais rarement sa famille. Ma reseña s'en tiendra là.

Ah si ! les hommes ! si , ceux qui se sont mis devant … J'ai failli les oublier car tout le monde était censé venir voir les " patapouf - patapouf " d'adolphe.
Heureusement qu'ils étaient là : le Fundi, hérault de la lidia et du pundonor. Avec cette pointe de maturité qui en fait aujourd'hui un torero semblable à un Porto Vintage au goût de rancio prononcé mais sans lourdeur. Ce qui est amusant, c'est de le voir applaudir par les gens qui , il y a quelques années, le conspuaient, le ravalaient au rang de souffre-douleur de ces corridas interminables aux tercios de banderilles interminables et aux combats interminables livrés à des animaux à la vie de bœuf interminable. Ben tout ça c'est terminé ! On applaudit son savoir-faire, sa sabiduria, sa solidité, son sens du combat, ses harpons harponnés recta et même un soupçon de toreria. Quelle hypocrisie !

Le Cid, très bien. On sent qu'il pétrit son pain quotidien dans le hors-classe. Un grand monsieur.

Et je ne me souviens plus du troisième.

... (à suivre)