samedi 19 juillet 2008

approches ( carnet du plumaçon 1)


"Lorsque je me retourne vers le Sud voilà
cette haute main cette paume sur le soir et noire
d'astres criminels...

quan m'arreviri entà Meiijorn aquera
hauta pauma de man suu véspe soma
de lugrans criminaus..."

(Bernard Manciet / "Per el Yiyo"
traductions de l'auteur
éd. L'Escampette/1996))



samedi.
c'est le jour du voyage.
pessac/mont-de-marsan.
les landes girondines d'abord
après avoir laissé les vignes.
l'ancienne N10.
la chaleur ici c'est le feu.
puis la sérénité et l'ombre des premiers platanes.
puis celles des pins.
l'incise à leurs troncs
sert de rosaire pour aller jusqu'au cimetière de trensacq.
là où repose le grand corps de Manciet.
le chantre même s'il s'en défendait.
je me rappelle olivier me racontant.
sa carcasse de commandeur ébrouée
sous l'effet des lampées aurifères du jurançon.
quelque temps avant sa mort.
les vers qui ont troué sa chair doivent avoir aujourd'hui un goût de petit manseng.

encore la route.
la bruyère comme une borne.
la litanie des villages qui rapprochent l'odeur des mousses et des aiguilles de celle de la fête.
les trilles et le craquements des mues de serpent
du bruit des cuivres et des chants de soif.
il y a de la lumière dispersée sur les fougères.
le vent.

Moustey.
on s'approche
on voudrait pourtant tout ralentir.
les taureaux font gicler du sable de leurs sabots.
la poussière étale sa temporalité.
le mayoral a les yeux dans ceux de ses protégés.
ils se scrutent.
pourquoi ne m'as-tu pas laissé là-bas ?
je t'ai choisi pour m'accompagner.
demain je serai fier de toi.
si tes yeux le disent...

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