samedi 31 mai 2008

intranquilité


un nom dans ce qui précède :

Palha
.


un lieu :

le campo du Portugal
.


et ce pays lusitanien
merveilleux

où résonnent les voix
de l'écriture multiple
des grands éditeurs
de la poésie
.

Lisbonne
ville d'amitié
où l'art de tomber amoureux semble
flotter sur le Tage

comme "Dans la ville blanche" d'alain Tanner

une terre
pour les fluides



ceux de
Lobo Antunes
Saramago
miguel Torga
Al Berto
nuno Judice
Camões
.
.
.

et Pessoa

avec sa malle pleine de gens (dixit antonio Tabucchi)
intranquilles


cette intranquilité
jesus manuel El Cid
ira la chercher
dans quelques heures
au puits de chaque arrancada
des victorinos,
ceux de la légende.
du moins on l'espère.


suerte pa'todos.



ludo

vendredi 30 mai 2008

un acte grave


Tuer un animal sur la place publique est un acte grave.


rien n 'est anodin dans une corrida de toros.
ou plutôt, rien ne devrait l'être.


à cause de cela ,
justement.



les rituels ne sont pas là pour folkloriser deux heures de spectacle coloré et festif
ils codifient le passage à l'acte, la transgression, la mise en scène primitive et mythique.
le respect dû à l'animal doit être placé au-dessus de tout.



en écoutant parler un ganadero on doit sentir sa dévotion et chez un mayoral on doit sentir vibrer comme une corde filiale envers les camades qu'ils élèvent et protègent
en se mêlant aux tertulias on doit sentir la passion à chaque fois qu'est évoqué ou remémoré le mouvement, cet éclair qui ne cesse, d'un taureau brave
on doit sentir que, le moindre acte dans une arène s' imprègne de tout ce qui doit sublimer l'animalité transcendée par le combat
cela depuis l'arenero qui porte la pancarte où s'inscrit le pedigree du taureau qui va sortir en piste, jusqu'au concierge qui a placé les pots de géranium accrochés aux enceintes de la plaza
on doit sentir que les silences, les ovations, les olé sont aussi dus à l'aura du taureau
on doit sentir que les cris , les sifflets sont à l'encontre des hommes qui l'ont mené au sacrifice mais qui finalement ont failli.



dans l'histoire des hommes et des taureaux braves, s'est ainsi constitué un musée de figures où les noms des taureaux braves ont également leur place sur les pages du triomphe et du fiasco.



ces lignes sont dédiées aux 6 toros 6 de Palha combattus et tués avec respect par 3 toreros jeudi 29 Mai 2008 en l'arène de Las Ventas del Espiritu Santo.

voici les noms



de ceux qui ont combattus,


Nº 155, Asustado Bis, negro, 557 kg, né le 10/03
Nº 175, Escondido, negro, 521 kg, né le 11/03
Nº 139, Rachido, negro, 597 kg, né le 9/03
Nº 219, Atormentado, negro, 533 kg, né le 2/04
Nº 185, Lumbrero, negro, 583 kg, né le 12/03
Nº 206, Peluquero, negro, 545kg, né le 1/04



et de ceux qui les ont affrontés et tués,


luis miguel Encabo ,Sanchez Vara, luis Bolivar



ludo



Illustration : Amadeo Souza Cardoso "avant la corrida" 1913




mercredi 28 mai 2008

Archipiels 5 ( ou de 18h30 )


Certains jours,

on aimerait être là-bas.

Surtout quand approche 19 h.

Mais, si même dans sa tête on peut templer

les enjambées qui nous mènent de Manuel Becerra

à la file 21 du tendido 6

puisqu'on en connaît les moindres détails,

il y aura toujours quelques centaines de kilomètres infranchissables

dans le temps et l'espace du réel.



Alors on se rappelle qu'un jour on a écrit ça :





18 h 30, Descente d' Alcala , a cantar por caracoles.


"
Vámonos, vámonos
y al café de la unión,
en donde para Curro Cúchares
el Tato y Juan León.
Y eres bonita,
el conocimiento, el conocimiento,
a la pasión no quita )
"

Changer de fluide.

Devenir un atome du flux d'un système sanguin unique au monde.

Celui qui remonte vers la pompe de la fontaine au centre du parvis de la tribu.



18h40,En franchissant la grande porte penser aux larmes et au bonheur de qui la passe sur les épaules des autres,

les ors harcelés,

les bas crochés,

les machos arrachés,

redevenu mortel.



18 h 50. JotaBé con hielo.


Monter dans le rùn rùn , bruit de fond inexplicable. Inimitable.

Laisser la paupière se farder lentement.

La regarder, essayer de retrouver la filiation avec d'anciennes fleurs de peau.

Ne pas pouvoir. Ne pas.

Fermer les yeux et penser à la couenne qui n'était pas encore du cuir il y a de ça tant d'années.

Profiter de ce sens apaisé pour laisser les autres vriller leur puissance.

Il y a du tabac brun,un peu de havane, une flottille de varon dandy.


Etre bien. Avoir le sentiment

un peu

d'avoir vécu.



Las Ventas, Madrid. Les aiguilles au 7 et au 12.


Tres toreros

sur le fil du cimeterre le plus tranchant de la planète des taureaux. Jamais la montera ne leur a scié le front avec autant de force. Juste à l'endroit de la première ride trouvée ce matin dans le tain du miroir.


Tâtonnement à l'entrejambe du costume.


Ouvrir à nouveau les yeux.

Scruter les détails : Bleu île noire d'écosse, parement de neige vierge, chemise linceul de rivière. Cravate ton sur ton.


Un pas .


Dans la lumière de Mai.





ludovic Pautier (Palimpseste madrilène)

Torear


torear,

frontispice exaltant pour un site où notamment les chroniques del Papa Negro font merveilles et régals pour qui sait entendre la langue de Cervantes et l'esprit de Goya.
s'y frotter tous les jours en ces temps de San Isidro est salutaire.

soy Papanegrista !


ludo


NB : photo tirée de google earth.
après quelques minutes d'observation ne croit-on pas deviner, en lecture de gauche à droite des artères de circulation, un profil à cornes ( de poca cara la verdad) humiliant
noblement ?

mardi 27 mai 2008

El gusanillo (de frascuelo y de Bruno)


Je ne connais pas bruno
mais j'aime bien les messages qu'il m'envoie
entre écorchure et plénitude
tout au moins
une recherche d'équilibre
entre ça et ça.

bruno écrit :

"Tes vers réveillent mes neurones et synapses comme la corne
a traversé le corps vieillissant de Frascuelo."

une histoire de corps
d'ajours dans la chair
de clairevoies au cortex
et de vers
venus du muscle
le plus puissant,

ce coeur,

qu'un torero
a laissé dans la
systole/diastole
d'une arène

pour qu'un taureau
trouve à se battre
au plus près
de ses palpitations
aux arômes anciennes.

et alors que ce corps
a failli aller nourrir
la terre
de son jus,
monte à ma mémoire
par les mots de bruno
cet ex-libris
de Ramon Gomez De La Serna

ce feretro
ce cadavre au livre
et aux yeux ouverts
ce costume rayé
taché
de ce qu'on croit
être vermicelles blancs
comme après une soupe
un caldo de domingo
trop vite
et mal avalé.

les vermicelles ont gagné les côtés.
ils s'agitent
formant une épitaphe :

"Nuestros gusanos
no seran mariposas"

(Nos vers
ne seront pas des papillons).

Voilà,
c'est pour Bruno.


ludo

lundi 26 mai 2008

Frascuelo/El Ruso



Pour Carlos Escolar "Frascuelo".
Las Ventas/toro de San Martin/25 Mai 2008
3 trajectoires dans les deux jambes
50 cm de coup de corne
Pour Juan Jose Rueda "El Ruso".
Las Ventas/novillo de Guadaira/26 Mai 2008
Coup de corne dans la région anale
Pronostic très grave
Va por ellos.



Mais soyons, enfin

non transcendants

sans noeuds ni métaphores

soyons


Simplement ainsi

tel qu'en nous-mêmes,

avec la peau et le rythme

de notre coeur soyons.


Pour mourir

pour vivre,

pour mourir de face.


Pour mourir.

Pour vivre


Pour mourir

d'avoir vécu.

Et baste.




Jose Angel Valente ("A modo de esperanza")

samedi 24 mai 2008

A Damien



Morante...


non.


à morante


j'écrirai


quand son corps


ne courbera plus



nos souffles


.

ou


quand il marchera


dans la neige


.


j'écrirai à morante


avec mon couteau


.


quand il ne sera plus


qu'un bout de paragraphe


déchiré entre les théories


et les jeux du duende


.



j'écrirai à morante


comme à mon frère

.



ludo





jeudi 22 mai 2008

Archipiels 4




Madrid/Mercredi 21 Mai/Las Ventas

Morenito de Aranda

toros de Alcurrucen

photo de Juan Pelegrin





oui.



et dans ce mouchoir



toute la force d'un grain de rien.



sur ce grain tu n'es rien les mains accrochent la percale cette coquille d'œuf brisé
tu deviens lointain inespéré
les yeux des yeux rivent à ta lumière



c'est le noir qui t'enferme
qui te contient
tu le sens il scie ta matrice à l'endroit de ta matrice
il rêche
tu cognes la bande
la boule est là tu écartes les mains
l'odeur vient d'abord puis elle s'enfuit tu respires
dans ta respiration l'ivresse est une nano seconde



la semence s'éloigne




(Ludovic Pautier/La fenaison des yeux clos)

Madrid ?


(photo de René Maltête)

Archipiels 3

de tous les sangs mêlés
il connaît les ravins .



avec le stylet des aubes

où se calcine le chant


avant que


l'enfant ne referme

la roche de ses yeux

par un écho languide.


il a posé

sous le lichen des paupières


les chromes du don de soi


l'argent

de la crasse et sa peur


des cailloux

dans ses pores de lumière .



(romance)


(Ludovic Pautier/Autopsie des chants profonds)



Jose de La Tomasa sera au cartel du Jeudi 10 Juillet au festival flamenco de Mont-de-marsan.

Il partagera l'affiche avec El Lebrijano.
Le Lebri vient d'enregistrer un album rendant hommage à l'immense figura de la littérature sud-américaine "Gabo", alias Gabriel Garcia Marquez.

Pour une fois, je sais ce que je ferai un 10 juillet avec pratiquement deux mois d'avance.

mercredi 21 mai 2008

Le soleil et les mouches






"C'est dans l'attitude de l'homme moderne à l'égard des sports qu'apparaissent avec

le plus de netteté les processus psychiques qui sont à la base de cette transmutation

des valeurs si caractéristique de notre époque. La question essentielle qui se pose

dans tout exercice sportif est celle-ci , qui sortira vainqueur de la lutte? qui accomplira

le plus grand exploit, fournira le plus grand effort, au sens de grandeur mesurable?

Un pari sportif représente un rapport purement quantitatif entre deux exploits.

On ne pariait certainement pas dans une palestre grecque, pas plus qu'on ne parie

dans les courses de taureaux espagnoles, et cela parce que là comme ici ce qui

comptait et ce qui compte, c'est l'activité éminemment personnelle de l'individu,

justiciable uniquement d'une appréciation artistique, c'est-à-dire qualitative."


(in "Le bourgeois/Werner Sombart / 1913)


S'il y a un espace où on nous permet de respirer autre chose que l'air généralement vicié des tuyaux tentaculaires d' internet, c'est bien celui de "Sol y Moscas".

L'idée de débusquer la citation de ce philosophe allemand (personnage ambigu, mais pas en

1913) revient à la clairvoyance du dueño de ce blog pour moi imprescindible.

Touché par cette sagacité, je m'empresse alors de coller la traduction et d'y ajouter une

iconographie idoine ( la 3° est du blog de Manon, prise à Las Ventas il y a quelques jours).



dimanche 18 mai 2008

les amandes fraîches




pepin
pepin

les drapeaux du Plumaçon
retiennent leurs indolences

le carosse gris du Victorino
est venu te chercher
au moins trois fois

il paraît t'attendre
maintenant

on ne sait
sa bouche est cousue

tu frottes ta zapatilla
le bout de la pointe
avance

chaque grain de sable poussé
suffoque

d'un mouvement crâne
tu touches l'air

entre toi et lui
tu rends
le vital
plus fin et
palpable


tu pèses l'espace
avec tes reins


le carosse vient pour te prendre
encore une fois

la camarde et la gloire
geignent les essieux

sur leurs flancs
tu allonges l'huile
de la sueur
d'une nuit
à Murcia


quand c'est fini
tu sais que les amandes
seront fraîches à récolter.






































dedicado a la condesa de estraza





photo de gilles Gal
revue "Toros"
n°1326/n°1565
novembre 1997
rubrique "Les planétaires du toro"
texte de françois Bruschet et jacques Aubergy


"La finca, facile à trouver, se trouve après Ciudad Rodrigo, à la sortie de Fuentes de Oñoro, sur la route menant à Aldea del Obispo, tout à côté de la frontière du Portugal.


Il est treize heures lorsque nous arrivons. Don Alfonso se réveille, les cheveux en bataille. Il est rentré cette nuit même d'un long voyage d'un mois. Il redécouvre sa maison et , entre deux toussotements, s'inquiète de la disparition de son coq, de l'état de ses vaches, de son ouvre-bouteilles qu'il ne trouve plus.C'est dans la salle à manger, en compagnie de ses deux filles, qu'il prend un rapide petit déjeuner.


En feuilletant le n°1558 de la revue que nous lui avons apporté, il contemple son portrait vieux de trente ans maintenant et s'exclame : " Sur cette photo j'ai l' air de droite ! ". *

...

Nous investissons le 4X4 pour une première visite du campo. La voiture est dans un sale état : plus de vitres, plus de portes, le capot qui ne ferme plus est entièrement cabossé ainsi que l'avant du véhicule :
"Vous voyez , ce qui manque a été enlevé par les taureaux ! mais ne vous inquiétez pas, tout se passera bien..."


Au fur et à mesure de notre progression, Navalon nous parle de l'encaste Graciliano, de son type, de ses caractéristiques tout en s'inquiétant de l'état de ses bêtes.
La visite des vaches fut un véritable régal. Leur propriétaire les connait toutes et nous enseigna leur caractéristiques diverses. celle-ci , de présence spectaculaire, est jugée destartelada, hors du type, mais telle autre, dans le plus pur type Graciliano, nous est décrite avec minutie, avec passion.


Il suffit d'être avec lui sur ce sol de taureau et de chênes pour comprendre que là est sa vie, ici est sa passion... Navalon est "par les 4 côtés", un homme de la terre, un homme du campo.


Don Alfonso ne ménage d'ailleurs pas sa peine pour nous faire découvrir sa propriété :
"Ceci n'est pas un campo de toros. C'est un de mes caprices. Il appartenait à mon arrière grand-père et lors d'un partage familial je l'ai choisi, je m'y sens bien."
Le lieu est tout à la fois paradisiaque et mystérieux, mystique même. On a vraiment l'impression d'être au bout du monde. Qui plus est l'endroit conserve les traces émouvante de la présence d'un ancien village médiéval. Il y a des murets du VI ou VII° siècle. C'est d'ailleurs de cette période que dateraient les différentes tombes éparpillées, ça et là, à une centaine de mètres des restes du village. Navalon, qui a le sens de la mise en scène, se couche dans l'une d'elle et nous déclare en éclatant de rire : "c'est ainsi que mes ennemis aimeraient me voir !" **



Il est 19 heures et le soleil commence à faiblir. Des traces sur le sol nous indiquent qu'une pelea récente vient de perturber la vie de groupe que nous avons du mal à localiser au milieu de la végétation. Heureusement le tout terrain nous amène au coeur du troupeau. Don Alfonso coupe le moteur, descend de la voiture, s'approche de ses protégés, leur parle, tente de les caresser.


Il se retourne, nous sourit. Nous l'avons senti serein. " ***



NB : Alfonso Navalon est décédé en Août 2005.



*Hojea el n°1558 de la revista que le hemos llevado, y exclama al contemplar su retrato de hace ya treinta años : "en esta foto tengo aire de derechas" .


** Pues de este periodo se puede fechar las tumbas diseminadas, aqui y alla, a unos centenares de metros de las reliquias del pueblo medieval. Navalon, que tiene un sentido agudo de la puesta en escena, se tiende en una de estas y nos declara mientras se carcajea : "asi les gustarian verme mis enemigos !"


***da la vuelta, sonrie. Nos aparece sereno.

samedi 17 mai 2008

Archipiels 2


Jose Bergamin a dit des choses fragiles et complexes

sorties de sa poudre de perlimpinpin

de son sac à confettis.

je voulais le rencontrer sous cette forme gazeuse

et définitive.




En triturant mes lieux de mémoire il y en a un, loin d' Aragon, en bord d' Atlantique.

Nous étions trois. J'avais un bouquet de fleurs tristes, serré dans mon poing. Il pleuvait. Enlevé d'un talus, un busard déployait le cœur des herbes. C'était, comme l'avait dit les plans, au-dessus du village. Voiture laissée, porte franchie, nous cherchions. Le temps passait, à lire les épitaphes, à déchiffrer la moindre inscription, trempés au milieu des arbres. En levant la tête ils vous mangeaient de leur sève, sauf un, décapité par la foudre, son sang de charbon coagulé à sa gorge.

Je cherchais en pensant à ce vieil homme ayant connu la guerre, la perte, la faille sur une vie de livres lus et d’autres écrits à la lumière chancelante d'un orage avant. J'étais dans la caresse lente et violente du vent. Pour apprendre. Chaque seconde de cette quête avait la force des sabots épais d'un cheval humide.

Soudain elle fut là, bout de terre simplement amoncelée, une tresse de coquillages avec quelques mots d'un poème sur la mer avec son écume, qu'on apercevait. Autrement, juste un prénom, un nom et deux dates : José Bergamin 1895 1983. Je voulus appeler les autres mais la gorge était nouée et la bouche sans muscle. Je restais là, le regard mouillé dans le crachin du Pays Basque.

Certaines fois je me dis que j'y suis encore.


(Ludovic Pautier/La présence des gorges)

jeudi 15 mai 2008

A Joselito



Bulerías a Joselito



Joselito, Joselito


dime quién te aconsejó


que tú fueras a Talavera


Talavera de la Reina


que iba a ser tu perdición





y me lo coge el toro


me lo llevaban pa la enfermería


le dice a su primo el Cuco


Cuco suéltame la mano


que mi fatiga "e" mu grande


y no me llego ni a las "herias"





ya lo llevan "pa" Sevilla


su gente lloran a gritos


y este que viene en la caja


es mi hermano Joselito.





(Lo canta Pansequito del Puerto)





Talavera de la Reina
16 mai 1920
"Bailaor"
de la veuve d'Ortega
prend
l'Espagne au ventre



sa corne
y pénètre
jusqu'à laisser
inerte

Jose Gomez



et rend muet
"El Cuco"



depuis
"los flamencos" chantent
ce qui ne put
sortir de cette gorge


les passereaux cavernicoles
de sa douleur.

Bergamin


lui.
Jose Bergamin,

photo/portrait au burladero

real maestranza de caballeria
Ronda

signée : Rafael Atienza


il a compris
les mains

miroirs

de l'écriture .

en fait,Florence Delay je ne l'ai pas quitté sur le malentendu de "riche et lègère".
parce qu'elle a mis nos yeux entre les mains de Pepe Bergamin.



"Il était petit, paraissait grand, il était voûté, paraissait droit. Le lutin, en lui, le disputait à l’inquisiteur. Il tenait de l’oiseau et du couteau.»



(Florence delay "Mon Espagne/Or & ciel)










une traduction lumineuse, dès le titre :
"la musica callada del toreo"
"la solitude sonore du toreo"

transfiguration.





"Et alors même que nous l'évoquons, la musique de leur toreo renaît en silence aux yeux de l'âme et à l'oreille du coeur comme si nous étions en train de la voir et de l'écouter. Comme si elle s'était posée et avait fait sa demeure dans l'âme, l'air, le temps, à jamais."

(Jose Bergamin "la solitude sonore du toreo"/trad.F.Delay/Seuil 1989)





olivier me dit que jesus manuel

"El Cid"

a écrit de la main gauche

son encre est rouge

la page

mélange brume de lait de lune.

faena

fenaison

des yeux clos

je n'ai pas allumé la télé

pas ouvert le tuyeau des images.

ma solitude, seule

a ce son

monté dans la pupille

de 18 000 larmes

posées dans l'air.

épée

dernière demeure

et fuite.

"Cid

has pinchao como un ciego"

un échec

comme un éloge

de la main gauche

à la main

gauche,

de zurda

a torpeza.

(pessac en pensant à madrid

las ventas del espiritu santo

15 mai 2008

toros del pilar

jesus manuel "el cid"

juan bautista

alejandro talavante)



PS: photos de Rafael Atienza

L.Clergue (Rafael dePaula/Madrid)

et Juan Pelegrin "el blog de manon"


Archipiels

ce que j'appellerai mes archipiels.

les éparpillements
constitutifs de la peau
d'une écriture

"su piel".

la partie pour le tout.
un puzzle,

même pas métaphysique.

pour se partager
la farine de mes cosmos.

c'est Florence Delay
et sa "langue non maternelle"
le premier rhizome.


La gorge nouée, je l'ai toujours eu lorsque mon corps franchissait les Pyrénées. Cette fois-ci encore.

Pyrénées plates, en pentes doucereuses, comme l'entre-seins dont on est amoureux et qu'on aime lécher tout en fermant les yeux. Ou saillantes, comme autant de clavicules brisées. En se chevauchant, elles se seraient ressoudées.


Derrière c'est l'Espagne. Moi je plonge sous sa peau. Tout de suite pour dénouer ma gorge,

et après libérer tout ce sang au repos dans mes poings.

La gorge qui se noue c'est la peur du désamour, de la langue effilochée. Le sang au repos c'est la mémoire accumulée.


Sous ce derme la sensation s'estompe et capitule.

Je fais corps pendant un long moment avec la roche, l'ocre, le gris, le blanc, l'alfalfa, l'onde, par en dessous.

Voir sous sa jupe me rend sa tendresse.

...

...

Deviser, "compartir", alléger le fardeau de ne pas parler plus souvent avec ce plaisir des mots qui viennent dans une autre langue.


(Ludovic Pautier/la présence des gorges)

Or et ciel

Elle.
C'est Florence Delay. Riche et légère.

"Dans l'arène il y eut le moment de grâce de Paquirri. Bousculé au début par un fort taureau blond entré comme un bolide, giflé par un coup de queue aussi lourde qu'un lingot d'or, le sombre Paquirri ne prit pas une revanche hâtive. Il emprunta au temps son calme afin de découvrir dans le cercle le lieu de la soumission et quand il eut trouvé l'endroit où il était à égalité avec son adversaire, ils parurent l'un et l'autre aussi intégralement exposé .Le gaditan à être fauché à la moindre hésitation et le petit Zeus à perdre une à une ses prérogatives divines. Son élan sauvage fut à chaque fois pris dans le leurre, chaque fois de quelques millimètres détourné de la chair."



A l'époque, du badinage. C'est du moins le souvenir que j'ai d'en avoir conclu quelque chose, une fois le livre refermé. Mais en littérature les torils s'ouvrent plusieurs fois sur la même "fiera"

donc, bis repetita.

et...

(2008, Janvier.
"Mon Espagne
Or et ciel"
chez Harmann Littérature)

placent.

Des carats de "finura".
Ce que j'ai lu de mieux depuis longtemps sur l'amour d'une terre.
Mais pas la sienne. Une autre.

"Par temps clair, on la voyait, on la touchait preque entre Saint -Pierre d'Irube et Hasparrenn, sur la route des cimes que les troupes napoléoniennes empruntèrent pour l'envahir."

Florence Delay met des mots sur mon "archipiel".

"Rien de tel qu'une langue non maternelle pour découvrir ses goûts et ses libertés. Sans la langue espagnole et ses écrivains, j'aurais été une autre."

mercredi 14 mai 2008

De quoi on s'agite ici

commencer.
commencer par dire
de quoi.

de quoi il s'agit
de quoi on s'agite.

ici
Pinchos.

à l'aveugle.

mais attention.
sensoriel taureaux
flamenco,
Espagne poétique,
politique des ivresses.

en espérant
être

au comptoir

nombreux.

pour mieux voir
pour mieux boire
...
être "ciego"
mais pas tout seul.


ludo