samedi 17 mai 2008

Archipiels 2


Jose Bergamin a dit des choses fragiles et complexes

sorties de sa poudre de perlimpinpin

de son sac à confettis.

je voulais le rencontrer sous cette forme gazeuse

et définitive.




En triturant mes lieux de mémoire il y en a un, loin d' Aragon, en bord d' Atlantique.

Nous étions trois. J'avais un bouquet de fleurs tristes, serré dans mon poing. Il pleuvait. Enlevé d'un talus, un busard déployait le cœur des herbes. C'était, comme l'avait dit les plans, au-dessus du village. Voiture laissée, porte franchie, nous cherchions. Le temps passait, à lire les épitaphes, à déchiffrer la moindre inscription, trempés au milieu des arbres. En levant la tête ils vous mangeaient de leur sève, sauf un, décapité par la foudre, son sang de charbon coagulé à sa gorge.

Je cherchais en pensant à ce vieil homme ayant connu la guerre, la perte, la faille sur une vie de livres lus et d’autres écrits à la lumière chancelante d'un orage avant. J'étais dans la caresse lente et violente du vent. Pour apprendre. Chaque seconde de cette quête avait la force des sabots épais d'un cheval humide.

Soudain elle fut là, bout de terre simplement amoncelée, une tresse de coquillages avec quelques mots d'un poème sur la mer avec son écume, qu'on apercevait. Autrement, juste un prénom, un nom et deux dates : José Bergamin 1895 1983. Je voulus appeler les autres mais la gorge était nouée et la bouche sans muscle. Je restais là, le regard mouillé dans le crachin du Pays Basque.

Certaines fois je me dis que j'y suis encore.


(Ludovic Pautier/La présence des gorges)

2 commentaires:

Yannick Olivier a dit…

Brillant.
Ravi de constater que tu as ouvert ici un espace plus grand et plus ouvert à tes pensées et réflexions.

Anonyme a dit…

Ludo, amigo, larga vida en este medio te deseo.
Lastima, mi pobre francés me va a impedir sacarle todo el partido a tus textos, pero por otro lado me puede venir bien la limitación, pues podría ocurrir que me ocupara más detenidamente en perfeccionar tu idioma sólo para leerte.

La condesa de Estraza