mardi 24 juillet 2012

Première poignée...des concombres


Bon, voilà , c'est fait. Comme pour une vieille batterie, un "movil" antédiluvien ou les piles d'un pacemaker fatigué trois jours de Toros ont suffi pour recharger une aficion chancelante, jamais acrimonieuse oh surtout pas ! mais dégonflée,  désenchantée, flasque, certes oui.
Et ce n'est pas le début de la feria montoise qui aurait pu lui rendre son érectilité.
"Celui-là il faut se le farcir" opine mon voisin de tendido alors que Morante, ay mi Morante, tente de se fâcher avec un animal un poil moins douceâtre que les autres. Oui, c'est ça : alors qu'on attend que les taureaux soient les piments de la fête et qu'en réalité ils ne sont que concombre  pour étal de grande distribution dans les faits ce sont les bipèdes qui leur fourrent tout un répertoire de muletazos incongrus pour nous faire croire qu'on est à la foire d'Espelette, au marché de Bobodioulasso*, eh bé , qu'ils se les mitonnent tout seuls leurs substituts. Pourtant, celui de La Puebla a certainement donné les derechazos les plus profonds, cadencés et chargés de la feria. Mais devant "ça", non. Zéro. Heureusement que le Bourgogne qui accompagnait le pressé de cochon noir au Richelieu était juteux à souhait, que la copa de chico-chica* chez Jean-Pierre glissait des ailes sous nos pas en nous rendant au Plum' et que coller des bises aux amis en début de Madeleine est toujours un rituel de standing.

Le lendemain, Margé.
Tout le monde ou presque aime les Margé. Pas moi. Je ne nie pas leur attractive plastique, encore que, je n'ignore pas qu'ils ont donné un certain jeu ou qu' en comparaison de la veille c'était Bergman Vs "La ferme célébrités" mais tout de même. Patapouf, patapouf, c'est ce qui me viendrait à l'esprit si je devais résumer l'affaire. Ponce fit  un effort. Hum, hum, je répète Ponce fit un effort. Voilà, ça c'est fait, ensuite Padilla continua son expédition de flibustier repenti et c'est certainement émouvant de le voir avoir pris 20 ans en à peine quelques mois. Le Rackham de Jerez fut digne et no comment.  L'âpreté de la fiesta brava vint cependant se rappeler  à notre souvenir quant Mathieu Guillon se retrouva incapable d'aller jusqu'au bout de son jour d'alternative. Quelle tristesse , quel terrible goût amer dans la bouche  en descendant les gradins. Car l'enfant du pays toucha en dernier le seul qui m'apparut intéressant, une de ces bestioles à giclées de moutarde, celle qui tache les zapatillas et les beaux costumes. Il faut alors trouver l'huile qui va avec. Guillon proposa de l'eau.  Celle de son désarroi, du puits de son imparfaite condition de torero puis de ses larmes de matador. Franchement, le coeur des arènes fut digne avec lui. Qu'il ne craigne pas de se dire qu'une carrière de grand peon de brega c'est un chemin d' héroïsme important aussi. On va d'ailleurs s'en apercevoir par la suite...ou alors qu'il reprenne pratiquement tout à zéro. C'est aussi une voie d'humilité qui peut marcher. On le lui souhaite en tout cas.

* capitale du Burkina où je rappelle se trouve la seule peña africaine dont le parrain est Curro Romero. C'est la peña "Pharaon y'a bon".

*mélange subtil  de Chinchon mitad por mitad d'anisseco et d'anis doux. En voie, hélas, de disparition dans l'Espagne même la plus cabossée sauf dans les romans noirs de Juan Madrid, mais malheureusement ce n'est que de la fiction.

nb : photo journal Sud-Ouest

Aucun commentaire: