mardi 3 mars 2009

Eclair éloge


Char, rené, confia un jour qu'il avait senti une présence semblable à celle d'un éclair à ses côtés.
la poésie le toucha à jamais :
« l'éclair me dure. la poésie me volera de la mort ».
écrire cela et c'est tous les feuillets d'hypnos et les seuls demeurent qui louvinent dans les taillis.
miguel hernandez dit à peu près ses luttes similaires avec ce titre : «  el rayo que no cesa ».
la tuberculose eut beau ronger ses poumons , sa mort ne put rien non plus contre l'infraction poétique puisqu'il continue à lui lancer des oignons, ses si beaux et odorants oignons , projectiles dérisoires, défi du corps hâve et du geste faible depuis son au-delà car la peur n'est pas de l'affronter mais d'être seulement au dessous de la stature de l'homme debout.

les « flamencos » , gitans ou payos, artistes, écrivains, que guy bretéché révèle admirer, ont su tirer des tours de meule de leur vie, de leurs capacités, leur foi, leur éthique, de leur amour du chant , des éclairs qui zèbrent et fulgurent l'histoire du cante jondo. Ils vertèbrent cette splendide et érudite somme qu'atlantica a eu la bonne idée d'éditer car , pour moi, elle vient en point d'orgue d'une ligne d'ouvrages et d'auteurs dont bretéché hérite sans dilapider , éventer ou détourner le patrimoine mais réussit aussi à en prolonger les contours , les accents, les partis-pris ou les engouements, les colères et à en combler les ombres lacunaires. Après les deval, leblon, pradal, vidal, sandoval , bois ou lemoguedeuc ce professeur d'histoire qui réside en bord de loire a trempé sa plume dans l'eau des meilleures sources de la marisma andalouse pour clarifier et vivifier une thématique passinonante , la genèse d'un art qui , comme le soulignait pepe bergamin , fait partie de la famille des sans alphabet.

manuel torre, dans ses yeux , les sons noirs

autour de onze chapitres gravitent les figures des plus grands à travers leurs histoires, petites, " minuscules "  dirait michon , ou grandes, de la gangue des peuples, celle des persécutés , des chassés, des laissés pour compte, des lies. En tout 33 personnalités de la voix , de la guitarre et de la danse flamenca. S'y ajoutent falla et lorca mais aussi miguel ceron, les machado père et fils, felix grande, blas vaga et rios ruiz, ricardo molina, pulpon,... autant d'intellectuels et de professionnels, de simples amoureux , d ' « aficionados cabales » que guy bretéché convoquent pour accompagner ce chemin historique éclairé et juste quant au ton ,aux arguments ou aux positions défendues fermement mais jamais sans clé de discussions.

alors , que reprocher ?
une fois de plus, et c'est une marotte, il faut constater l'absence d'un chapitre qui serait consacré aux membres de cette famille mais du côté français.
leur témoignage, leur histoire, me semblent aujourd'hui importants et devraient être partie prenante d'un tour d'horizon, exhaustif peut-être pas, mais juste.
parce qu'il nous dirait quelque chose de l'exil, de cette dernière trainée de migrants de la longue histoire des « poursuivis » du flamenco.
entendre par exemple le « tocaor » daniel manzanas parler de sa rencontre avec son voisin de palier qui n'était autre qu'un cantaor qui avait accompagné carmen amaya dans ses plus grandes tournées mondiales et qui s'était un jour fixé à paris pour les yeux d'un amour , c'est entendre la copla qui susurre :

« esa guitarra que toco cette guitare dont je joue
tiene boca y sabe hablar, a une bouche et sait parler,
pero le fartan los ojos mais il lui manque les yeux
pa' ayudarme a yorar  pour m'aider à pleurer."

Tout cela reste à écrire.
l'éclair a plusieurs lueurs,
Ojala !

nb : sur campos y ruedos la correspondance entre solysombra et mézigue a repris.justement on y parle de luis de almeria. gitan de port de bouc, ami, bonne personne et cantaor puro ( photo solysombra ).

8 commentaires:

El Coronel a dit…

Ludo, que buena pinta tiene ese libro por lo que podido mal leer, pero nonmbra a Miguel Hernandez y su libor de poesias "El Rayo que no cesa" libro de cabecera de mi juventud.
¡Que poema a la amistad! la elegia a la muerte de su amigo.
"Que temprano levanto la muerte el duelo
y cuanto madrugo la madrugada" ¿se puede expresar mejor lo temprano de una muerte?
Por correo te envio algunas fotos, que espero sean de tu agrado.
Un fuerte abrazo
Salud

Anonyme a dit…

mi coronel, como siempre me alegro leer sus comentarios como cronica de compartir aficiones comunes y luchas que no quieren saber nada de lo de " tras los montes". y la elegia a ramon sije como la canta morente...
por eso le digo : compañero, un abrazo.

ludo

Marc Delon a dit…

il faut bien que ces livres aient quelques lacunes afin de motiver certains auteurs à les combler, n'est-ce pas Ludo ?
je t'ai "cité", on va voir comment tu aguantes...

El Coronel a dit…

Ludo, tenia previsto enviarte el cd con los cantes de Morente y versos de Miguel Hernandez, junto con el otro que edito con versos de Lorca, pero entiendo que los tienes, calro, si fuera así no dudes en decirmelo y con mucho gusto te los enviaré.
Salud

Anonyme a dit…

ignacio garate martinez dans son enigmatique "le duende" ou jouer sa vie a traduit "el rayo que no cesa" par la "foudre interminable" je crois.
amitèes

Ludovic Pautier a dit…

ignacio garate martinez est l'auteur du prologue/introduction ( le texte dont parle chulo ) d'une édition de la conférence de lorca " jeu et théorie du duende" ( ed. encre marine ).
c'est un psychiatre bordelais. on peut consulter certains des ses articles là :
( je précise , chulo, pour ceux qui voudraient s'intéresser au bonhomme d'un peu plus près )

http://www.psychanalyse-en-mouvement.net/articles.php?lng=fr&pg=122

ludo

Anonyme a dit…

merci ludo.
je consulterai le lien avec plaisir.

El Coronel a dit…

Yo creo que el Duende es algo que no se puede explicar con palabra y si con la expresion del cante, del baile, del toreo, de la literatura, la pintura, etc.
Nadie es dueño del duende, es el duende el que tiene que venir a visitarte, como lo hace con algunos artistas, es como una inspiración o una musa.
Salud