dimanche 1 mars 2009

Marseille



rien n'est comme une poignée de sel sur la plaie des yeux et tout a le goût du vent qui soulève les tapis pendus entre les embrasures des deux ciels.
l'appel des gonds donne sur un cosmos liquide poreux. large. bleu qui ne rouille pas les mémoires.
rue d'aubagne la nuit est presque un flash de sens tremblant sous les épices jusque dans le sexe de la ville.
serrer fort le verre c'est déjà se saoûler avec la poisse orgueilleuse qui cloue quatre christs aux épines de stuc. c'est poursuivre les méandres du lacydon où l'anis avalanche.
derrière chaque ruelle , il y a du sang.

( ludovic pautier )






" Marseille est, a toujours été, le port des exils, des exils méditerranéens, des exils de nos anciennes routes coloniales aussi. Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. D'où que l'on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. Dès le premier regard.
C'est pour ça que j'aime cette ville, ma ville. Elle est belle pour cette familiarité qui est comme du pain à partager entre nous. Elle n'est belle que par humanité. Le reste n'est que chauvinisme. De belles villes, avec de beaux monuments, il y en a plein l'Europe. De belles rades, de belles baies, des ports magnifiques, il y en a plein le monde. Je ne suis pas chauvin. Je suis marseillais. C'est-à-dire d'ici, passionnément, et de tous les ailleurs en même temps. Marseille, c'est ma culture du monde. Ma première éducation du monde.
C'est par ces routes de navigation anciennes, vers l'Orient, l'Afrique, puis vers les Amériques, ces routes réelles pour quelques-uns d'entre nous, rêvées pour la plupart des autres, que Marseille vit, où que l'on aille. Paris est une attraction. Marseille est un passeport. Quand je suis loin, et cela m'arrive souvent, je pense à Marseille sans nostalgie. Mais avec la même émotion que pour la femme aimée, délaissée le temps d'un voyage, et que l'on désire de plus en plus retrouver au fur et à mesure que passent les jours.
Je crois à cela, à ce que j'ai appris dans les rues de Marseille, et qui me colle à la peau : l'accueil, la tolérance, le respect de l'autre, l'amitié sans concession et la fidélité, cette qualité essentielle de l'amour. (...)
J'aime croire - car j'ai été élevé ainsi - que Marseille, ma ville, n'est pas une fin en soi. Mais seulement une porte ouverte. Sur le monde, sur les autres. Une porte qui resterait ouverte, toujours."

(jean-claude izzo )












" Marseille sortie de la mer , avec ses poissons de roche , ses coquillages et l’iode ,
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants ,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine ,
Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel ,
Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore ,
Leurs verres , leurs tasses , leurs seaux à glace et leurs alcools ,
Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes.
Ici le soleil pense tout haut , c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation ,
Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne ,
Il prend les nouveaux venus à partie , les bouscule un peu dans la rue ,
Et les pousse sans un mot du côté des jolies filles .
Et la lune est un singe échappé au baluchon d’un marin
Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit .
Marseille , écoute-moi , je t’en prie , sois attentive ,
Je voudrais te prendre dans un coin , te parler avec douceur ,
Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu
O toi toujours en partance
Et qui ne peut t’en aller ,
A cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer.

(jules supervielle )












" Et nous irons prier la Vierge de la Garde
Qui regarde
Vers la rue des vergues
Et quand viendra le soir,la Reynarde,
Triste, les vieux quartiers aux murs poisseux et noirs.
Nous verrons le soleil se coucher dans le
Nous irons dans un bar infect boire du gin
Parmi les Malais bruns, les Anglais et les filles,
L'équipage retour de l'Océan Indien.
Et nous écouterons le chant brutal des races
Au cœur des grands marins lassés des entreponts."

(louis brauquier )


3 commentaires:

Jean M. Robert a dit…

Gracias ludo por este homenaje a mi planeta Mars, magnificas las fotos y más hoy que el cielo de Castilla esta muy gris.....para un marsellés en un dulce exilio.....Jeanmi

El Coronel a dit…

Bonitas fotos Ludo y entiendo que felices vacaciones.
Lamentablemente y por problemas "tecnicos" (la culpa es de mi jefe) no he podido conectar con tu programa, lo siento de verás. No se si se puede escuchar grabado, pero lo voy a intentar.
Salud

Marc Delon a dit…

Que cette ville inondée de lumière ait suscité des lignes lumineuses nous parle de ta "réflection" intérieure et ne m'étonne pas.
inondé ? ou innondé ? Non ? quand il y a beaucoup d'eau ça prend pas deux "n" ? je ne sais plus....