mardi 11 novembre 2008

Ce sang est un ciel de l'ange sorti de terre ( l'enfant de saint-sever )


Les anges se mordaient les ailes en même temps que de leurs doigts ils repoussaient l'émail vers des frontières
liquoreuse
de vermeil
là où ocre elle devenait bleue la terre subissait la meule fendue du sabot

l'enfant voyait des taureaux pour la première fois il sortait sa langue et léchait
lèvre
sous la rigole du nez d'un geste d'icelle

il aurait aimé jouer dans la petite boue qui se formait à chaque pas de l'animal et chaque mouvement rose de l'homme aux doigts mouillés parce qu'il fouillait de sa main
le ru du sacrifice

l'enfant tapait de son poing dans l'air
seuil de ce silence sombre accroché aux flancs creux du crépuscule bousculé de milliers d'ampoules minuscules larves scintillantes accrochées au-dessus de l'os de celui qui ne sait pas qu'il pleut jusque dans la lourdeur serpentine de la cape pliée
et laissée là à la bonne distance de la main tordue qui peut attraper la corne avec un astre

l'enfant n'a pas vu l'ange
et rien n'est sorti de la petite boue
alors il a rangé sa langue pour poser un baiser sur le cou endormi de son frère
le derme mua en frisson trainé sur la crête des dominos qui se renversent jusqu'au cercle de l'homme aux doigts que le vent suce au vol
là où la rosace des naturelles
a repris son goutte à goutte dans la main d' un ange
autre
élu de la glaise
à parure de tourments

l'enfant s'est assis a regardé
le ciel
puis la terre
comme s'il avait compris quelque chose.

ludovic pautier/saint-sever/11-11-08

nb : illustration d'un dessin de lorca.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

trop fort ,suis basique