ce qui est émouvant dans un havane c'est sa cape façonnée par des doigts qu'on imagine aussi bruns et mûrs. des doigts d'un peuple qui croit encore à sa liberté, celle qu'on lui a toujours promise et qu'on lui soustrait comme un drap de serge rouge se dérobe à la volonté d'embestir d'un taureau brave.
ce qui est laid dans une arène comme bilbao c'est la vergogne style "il n'y a pas de petites économies" avec laquelle on laisse sortir en sobreros deux vilaines bestioles , aux idées de combat aussi mal développées que les cornes qu'elles portent.
ce qui est bon dans un chicochica * c'est ce mélange de douceurs anisée taraudée par l'impavidité du fouet de l'alcool sec.
ce qui laisse un goût décomposé dans la bouche c'est ce sentiment qu'un torero cherche une competencia aux quites pour la grandeur de la fête sauvage et qu'un premier compagnon de cartel lui renvoie sa morgue et qu'un second ne fait même pas semblant de ne pas être là.
ce qui est fort dans une vie c'est ce rayon qui ne cesse et qu'on peut appeler amitié, amour, partage, connivence, intelligence, rire, solidarité, empathie, soutien, indéfectibilité...
ce qui est désespérant pour une vie d'aficionado a los toros c'est de subir ces avalanches de ganaderias qui charrient au lieu de distiller, qui commercent au lieu d'offrir, qui plastronnent au lieu d'épurer, qui sont soumises au lieu d'être rebelles, qui uniformisent au lieu de rendre curieux, qui amoindrissent au lieu de grandir
ce qui forge l'envie de ne pas laisser tomber la quête c'est la forme de tout ce qui semble habiter le toreo de morante. les doigts qui palpent la percale au plus près de l'esclavina. une manière de vouloir incorporer le tissu jusqu'à la trame. la catalyse d'un toreo de limaille qui fait s'allier fragilités, scories, force et intemporalité. chant magnétique de la puebla del rio.
ce qui désepère et fatigue dans cette même quête c'est ce faire semblant de croire que castella veut laisser son corps quelque part sur le sable et ne pas rentrer à l'hôtel pendre à sa bouche un cohiba robustos, poser entre le majeur et l'annulaire un ballon de chinchon sec troublé d'un trait de doux, refermer sa paume autour de la matière tiède du verre avec en paravent les volutes aigre-douces du cigare et simplement avoir envie d'écouter la voix de ses frères humains.
* chicochica : spécilité cieguesque qui doit beaucoup à sa fréquentation du sublime faiseur de mélanges alcoolisés jean-pierre "don congelador" sodore. o sea : un long trait d'anis sec suivi d'un trait plus court de doux. ou inversement. un cube de glace me semble indispensable. mais chaque fou a son thème.
nb : je crois que morante de la puebla doit, s'il réitère une saison d'assez peu de courses comme cette année (ce qui est rès bien), sortir de la glue de ce mundillo qui empeste et se tourner vers un choix d'élevages qui garantiraient un sceau autrement plus digne et intéressant pour sa tauromachie qui, toujours selon mes supputations, est conçue pour "aguanter" autre chose que les sempiternels macdomecq. sinon, toujours selon mon sentiment, cela pourrait tourner à l'écoeurement . de notre part. et de la sienne aussi.
nb 2 : si c'est cette fiesta-là qu'ils veulent (qui ? leurs patronymes ne n'intéressent pas. ce qu'ils nous font subir, oui) je crois qu'il faudra à terme assez court se passer des aficionados. enfin, de ceux qui ne sont pas formatés pour prendre des vessies de couleuvre pour avaler des lanternes.
nb 3 : les photos de morante de la puebla à vista alegre hier sont copiées du site terres taurines.
4 commentaires:
Olé, don Ludo!
Que arte, Ludo!
qué lástima no poder entenderlo...pero debe ser una precisidad; un artículo escrito por un camarada, hablando de habanos y de morante!!
un saludo, ludo
andres de caceres
gracias a los 3.
por el idioma,lo siento andres. a ver si este invierno me calenturé con un "trasmonte" mas. o este otoño cuando certeras hojas se ponen del color que nos gusta.
ludo
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