mardi 19 août 2008

Kontuz Lanak Zezen 's chronik







hier.




bilbo.




m'ont tout chamboulé, là.



ça va pas.




des lanak et des kontuz partout sur le réseau autoroutier en arrivant dans la capitale de "biscaya es un bello jardin/y sus bilbainitas las rosas" (charles ferré et lartigau. un grand disque aujourd'hui perdu. trop de déménagement).




lanak : travaux. kontuz : cuidado. zezen : toros. zezen plazak. pas besoin de traduc.




le z et le k. presque partout. le x aussi. le basque : une langue où s'épousaillent des caractères mal aimés, mal compris, mal perçus, à la marge, mais auxquels l'indifférence est étrangère.




bon.




quartier de vista alegre.




zabalburu.




despacho de billetes.




apartado. trop tard. prendre du sol. on crâme à 13 h mais on essore ses chaussettes à 18.




les corridas ont le tempérament océaniques ici.




regard circulaire.








combien d'aficionados sont restés des années à errer dans ces bars d'alentour aux photos aussi jaunies que la peau des serveurs est blâfarde.




métronimie des serveurs : trois cubes de glace jetés dans un verre, un citron attrapé au bout d'une pince et tourné sur le bord, une rasade dantesque d'alcool fort , l'ouverture d'un "botellin" de soda et glouglouglouglou à la verticale. certaines fois c'est même une bouteille dans chaque main. de l'art ? ici tout se fait avec art. même le coup de zeste d'agrume inutile et pourtant obligé sur le col du récipient. comme on tricote une media d'anthologie. mais 973 fois dans une journée.







aujourd'hui je me souviens de nos premières venues ici.







on prenait la route de la côte parce que l'autoroute ça coûtait cher. on pouvait se payer un menu avec les économies. qu'on avalait à toute berzingue.




on mettait 4 fois plus de temps. deba, hondarribia, leikeitio...des kilomètre de ruban.




l'essence n'était pas au prix du vega sicilia. miterrand n'avait pas encore revu bousquet. il y a longtemps.




on restait avant et après los toros sous la férule du rond des arènes qui me faisait penser à un moulin à prières. avec ce qui sortait des chiqueros il fallait bien un calme et une détermination de tibétain pour ne pas se passer 30 fois par minute l'index entre le cou et le noeud de la cravate.




et puis il y avait aussi la mythologie.




le fracaso de curillo, les cornes devenues vertes sous la lumière après la pluie sur le sable graphitique. jacques nous l'avait raconté tant de fois. on y croyait comme si on y avait été.







un jour, on ne sait pourquoi, nous décidâmes de descendre vers le ventre crasseux de bilbao la prolétaire qui laissait pisser un fleuve d'eaux quasi-mortes et dont les rives étaient hérissée de grues tentaculaires, de terminals pour livraisons maritimes, de toits d'usines vrombissantes. les grues sonnaient comme les cloches. plus mates et plus sinistres.




passé le nervion on découvrit le casco viejo, les siete calles, la plaza nueva et ses arceaux, le marché de la ribera, les bars ouvriers et indépendantistes. ici c'était le pays basque des hauts fourneaux.




on comprenait mieux le sable, le ciel et le sérieux, l'austérité. la fierté de vista alegre.







aujourd'hui les barakas des assos abertzale bordent le nervion autour du pont qui mène au vieux quartier. le tramway est vert comme l'eau quelque peu regénéré du fleuve et coule comme lui lentement vers le guggenheim de franck gehry. de près, cet édifice qui a chamboulé, véritablement transformé le visage de la ville, me laisse indifférent. le titane n'a que l'émotion d'une faena de miguel angel perrera. rien sous la peau ne frissonne. ni en long ni en large. par contre, de loin et inclus dans l'urbanité du paysage, sous des angles différents, au travers de perspectives horizontalo/verticales certainement choisies à dessein je suis d'accord pour me dire que ce truc fait vraiment vibrionner l'architecture de la ville. à l'instar des grues monstrueuses d'il ya quelques années.







dans le vieux casque une chorale chante. jodeeeeer ! quelle beauté. l'agur jaunak dacquois, pipi de chat !




depuis quelques temps c'est toujours aussi festif et joyeux, bon enfant et populaire mais on peut se faire estafer en grand pour un peu cher. the tiempos they are a changin'.




restent quelques adresses.




dont le museo del vino calle ledesma rive droite. et tout le quartier aussi. dommage que cette fois-ci on ait peu de temps. bilbo en aste nagusia c'est au moins 48 h. ici , rien ne doit se faire sur la pointe des pieds.




d'ailleurs, la pointe des pieds , c'est ce que morante a trop souvent, à mon goût, utilisé pour essayer d'avancer la poitrine comme lui seul sait le faire afin de donner sa muleta en patûre à son premier adversaire. pas collaborateur. adversaire. astifino y con picante. avec le défaut de puntear en fin de passe. mais un toro important.




jose antonio huile quelques derechazos sur l'aspérité du jandilla. il expose son toreo. mais. mais. mais. il n' a pas réussi à fondre ses zapatillas dans la minéralité du rond bilbaino. fondre le cuir et cette ambre gris. trouver l'alliage improbable. à gauche aussi. depuis combien de temps morante n'a-t-il pas "cuajé" une grande , une intemporelle série de la main gauche ?




le second de son lot a 50 ou 60 kilos de trop. morante seulement 4 ou 5.




pourtant, il me laisse dans la bouche cette envie indescriptible de le revoir. comme à chaque fois. ça tombe bien, il reste ici plus de 48 heures. juste le temps de poser ses pieds où il le sent le mieux.




celui qui sent parfaitement cet air nouveau issu de cette bilbao contemporaine, héritière des quartiers laborieux et émigrés de barakaldo et attachée à la vision transfigurée de ses quais tournés vers l'avenir c'est le cid. il a une façon communicative, car naturellement enthousiaste, d'être en osmose avec la respiration de cette arène. il pète la santé comme les anciens dockers devaient cracher leurs poumons.




son premier taureau a lui aussi un surcroit d'hémoglobine. bicho de "thrill". la voûte de son échine est une une courbe parfaite. un arc tendu. avec deux flèches.




le torero de salteras est un maître d'oeuvre puissant et dominateur. avec ce jandilla en pierre de taille il va bâtir une faena de compagnon courte et précise.






le reste s'est noyé dans la ginebra et les bulles ascendentes de tonica du verre que marc avait posé à côté de moi. le suivant du cid se vautre. piètre sobrero. un goût de flotte.



premier de perera. taureau de genièvre là aussi. mais les bulles qui accompagnent la faena du torero sont légèrement descendantes. bon. orbitales on dira. mais c'est mon gosier. d'autres le garderont longtemps en caudalies. dernier de la tarde.pffuuuiiiii...tt ! vous vous rappelez ce soda qui portait le nom d'un pays où les habitants parlent comme robert charlebois ? voilà. c'est ça. et michelange a bu ça comme céline dion doit boire du coca. en quantité. sans sourciller. sans noyer la moindre goutte de bourbon dans le breuvage. toreo en manque de tourbe.



rideau.







dans la nuit les essuie-glaces de felipe râclent le pare-brise. avec efficacité. mais en produisant un ronchonnement où se mêlaient la fatigue. le désaccord. le txirimiri, cette bruine insaisissable et légèrement salée, faisait son office. elle mouillait les dernières lueurs qui se reflétaient dans le nervion des souvenirs et le corps impassible du musée le plus représentatif de notre contemporéanité. et demain ? kontuz. lanak. attention. travaux. bilbo construit ce futur angoissant de la fiesta brava.




je crois que j'aime encore à l'accompagner dans sa tâche.




ez adioik.

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