jeudi 4 septembre 2008

le quartier


dans la rue ce matin, quelque chose a bougé. en face. trois fois rien, peut-être un peu plus d'épaisseur dans le bruit qui monte du premier petit dé noir. celui juste brûlant comme il se doit dans l'arrière gorge, encore empétrée sous les séquelles du plomb de la nuit qui s'estompe.
un petit peu de couleur aussi, aux fenêtres de la rue. avenida de la vida. callejon de la poesia. boveda del toro. celle des flamboyants et des camaïeux. qui dessille jusqu'aux pupilles ensuquées par le morose des habituels. le grain des propagandes. le pulsar faible des normes.

pourtant ma rue c'est déjà quelque chose.
des pas de porte allurés, des murs de pisé éclatants, des toits aux verrières spatiales.
et puis la gouaille. les invectives, le sang dans les muscles de la passion, le savoir du récit des ailleurs, les haleines gonflées aux épices...tout ça c'est aussi *.
pourtant, une saveur ignorée jusque là montait . une musique. à la pâte moulée dans les étincelles. un sabir précis et nait d'une langue qui sait traquer les gibiers à la lune moirée... c'était quelque chose, mais quoi ?

le rideau en tresses de cuir en face de mon antre se releva et je compris que, ô joie, le patron du bistro d'en face avait poussé les murs, rallongé le bois chaud de son comptoir et comptait déjà à son bord quelques habitués de ce quartier de résistants pour deviser goulument, avaler quelques tartines de manteca colora ou tremper, entre une saillie délicieuse et une ode frissonannte du dueño, leurs lèvres dans un moka revigorant.
et puis, un peu plus loin, un luthier installé récemment, polissait la tabla d'une caisse en palo santo. il chantonnait dans la douceur. juste pour le cercle des savants sans alphabet qui l'entourait. en frottant leurs mains caleuses pour échauffer le compas matriarcal, celui de la solea por buleria.
le jasmin tintait dans la poussière du soleil, le barrio se réveillait et déjà la nouvelle faisait le tour : ça tchatche chez le deck ! où ? ben ici :

et ça se râcle les cordes vocales chez pedro. vamonos !
allez, je fermai le bar et décidai d'aller éprouver ce rehaut de vitalité.
rien n'est comme une belle journée pour envisager la nuit.

* là, c'est les liens de la colonne de droite du ciego.
nb : la photo est (bien entendu il ne pouvait pas en être autrement olivier) une vue du callejon del agua de séville.

1 commentaire:

Olivier a dit…

J'avais reconnu, Ludo! Je ne sais pas si ça m'aide vraiment,d e bon matin, où si ça me donne envie de mettre la valise dans le coffre de la voiture et... suis-je bête, elle y est déjà!
Précision pour les clients du Ciego: les blogs signalés ici sont à l'essai, il y aura probablement des changements d'ici peu. Pas facile de trouver un accueil satisfaisant, en arrière-salle de mon site. Le plus sûr, c'est de passer par www.olivier-deck.fr et se laisser guider.
un abrazo, et bravo pour ce boulot, cieguito de mi arma!