dimanche 29 novembre 2009

Atiempo



Flamenco y toros. Cantaores y toreros. Topique des topiques. C’est pourtant indéniable. Les gravures et les récits, les témoignages , les unions familiales et les amitiés indéfectibles des gens d’arènes et de tablaos en témoignent.
Mais certaines histoires issues de ce compagnonnage paraissent improbables. L’amitié qui unit le chanteur Paco El Lobo, à la voix -hors de scène- de titi parisien et la peña jeune aficion issue des racines gasconnes du cap saint-sèverin n’est pas banale. D’ailleurs elle commence…à Vichy.



Au début des années 80 on donnait encore des courses dans ces arènes septentrionales. Et Olivier Martin, « El Sebeño », autour duquel s’étaient réunis des amis en créant la mouture originelle de la PJA, se produisit en novillada dans ces contrées si éloignées d’une Andalousie ou d’un Campo Charro mythifiés. Qu’importe, l’aficion n’a pas de frontières. La preuve c’est que quelques jours avant le paseo aux arènes Joseph Durand -aujourd’hui détruites- un flamenco du nom de Paco El Lobo se « cherchant la vie » comme disent avec euphémisme les biographes des artistes ayant eu faim, aperçoit une affiche de la course en chantant por solea dans un bar de…Clermont-Ferrand. L’ envie de voir des taureaux le pousse à faire les 50 kilomètres qui séparent la ville thermale de la capitale du pneumatique. Car El Lobo a los toros dans le sang. Et ce jour-là un homme en piste déploie dans son jeu au capote des effluves qui enivrent Paco. C’est « El Sebeño ». Après la corrida Paco passe voir Olivier à l’hôtel pour lui dire les sensations ressenties . Une amitié se noue.


Pour la débuter une invitation à venir passer une fin de semaine à Saint-Sever est lancée. Ce qui devait être une visite de courtoisie se prolongea lors d’une fiesta des courses de Péré en juerga monumentale, en tertulia passionnée qui feront même que certains repousseront leur départ à un lendemain plus propice pour tailler la route. Paco El Lobo prenait alors à cet instant dans la cité des arènes de Morlanne des quartiers auxquels il n’a jamais failli.

Depuis, cette histoire de corps et de cœur perdure et grandit.

Paco El Lobo et chacun d’entre-nous, ceux qui sont encore là et ceux à qui nous pensons, ont eu et auront bien des moments à partager , mais ce soir il fallait fêter par un hommage sur scène cette fraternité. La traditionnelle « Noche flamenca » de la semaine taurine a permis à Paco de s’entourer d’artistes aux qualités diverses et pures -« La Armenia », Veronica et Manuel - pour fêter dignement les 30 années de cette aficion que, lui aussi, a toujours aussi fringante et chevillée à l’âme :


Alors, bienvenus à tous pour la célébration d’une belle aventure et que cet « Atiempo » repousse les arcanes du temps pour faire surgir du toril du cante, de la guitare et du baile, le mufle du duende.

texte lu le soir du vendredi 13 novembre à saint-sever au cloître des jacobins en présence de paco juste avant  qu'il ne nous gratifie d'une belle nuit, telle que nous en avions rêvé.
lorie, veronica et manuel surent l'aider à la rendre éclatante.
quant à la juerga armada autour de la table du petit réfectoire...je jure qu'au petit matin, j'ai vu les lémures des jacobins taper leurs jointures sur la pierre des enfers. a compas de buleria, claro.

1 commentaire:

el chulo a dit…

ce sont de belles histoires, ami ludo dont tu nous gratifies.
et notre "fiesta" a bien besoin, au delà des mots de cette sensibilité, ce "pellizco", cette fraternité "d'atrincherados", pour dire combien est belle la fleur de mort de curro, improbable, toujours inouie, et qui nous fait croire, paiens que nous sommes en l'immortabilité.
c'est que, la seule et incomparable vertu de l'art est d'arreter le temps sur le fil d'un couteau de peintre, la corne d'un toro, les mots stridents du poête, ou la voix surgie du ventre d'une femme qui nous parle d'avant.
"duende" est entré au panthéon du vocabulaire des mots intraduisibles de la philosophie, c'est une bonne chose et nous console des contresens des mots, "bravoure", "caste"
,"genio", "raza", "arte", "artista"mais surtout, surtout "pundonor" ou "verguenza" qui sont à mettre au "relicario", pour parler le duende, d'humeurs, de tripes et d'un retour au cri de l'homme, qui je pense est le "chant profond".