mercredi 6 mai 2009

Trois souvenirs de charlie ( archipiels 22 )



troisième souvenir :
sur la joue du papier, humectée d'une bordée de sel de lices, charly jonche les rames de ses visions d'un éclat où la peinture, a emmelé à de la mélancolie sans paresse des oiseaux, passeurs d'histoires dans sa vie. On ne les voit pas mais, ils volent et soulèvent des brumes d'encre qui giclent des seins de la nuit, à peine on les noue, avec un cheveu de blé.



deuxième souvenir :
c'est dans la clarté d'une photo. on dirait deux louveteaux. charly et julien. la mère , la louve , c'est un callejon. Je suis là aussi. un peu plus loin olivier, fix, mathieu quelque part et françois, zaza, vincent,jeannot, domi...des frères qu'on emprunte parce qu'on aime s'allier dans le rimmel des passions. on est là comme ludions, entre les touffes d'un pelage où suintent les crèmes de l'extase et de la crainte. des jeux un peu dangeureux, aux arêtes un peu imprécises, le poids des capes aux langues roses nous attendent. un chapeau aux carreaux « charros », une mèche agglutinée dans un fil de satin, une veste avec le reflet de l'élu, tel un étain de petite gloire. trois sourires de poisson-lunes avec des fossettes plus sombres sous les écailles. derrière la porte une chaleur sortie des petites narines d'une vache brave monte dans le froid et s'installe.c'est, dans l'instantané , un bois flotté passé avec nos âmes qui battent en creux.on devine que ce sont les nôtres, et puis le sien.



premier souvenir :
ils sont deux. ils courent. quand mathieu me raconte qu'ils courent, il rit. ils courent parce qu'un chien les poursuit. comme à chaque fois au prado, ils se sont laissés mordre. ils cherchent à comprendre encore tout ce mystère qui ne veut pas s'échapper de ce tableau de goya., « el perro semihundido », retrouvé peint par le maître sur un mur de la quinta del sordo, et qui laissa bouche bée antonio saura puisqu'il déclara que c'était « le plus tableau du monde ». je n'y suis pas mais je les imagine, cherchant refuge dans les ocres ou sous le museau de l'animal. encore un peu. regarde. c'est renaître à chaque fois dans cette solitude. ils veulent partir mais le cabot les retient par la frange des cils, avec trois fois rien dans sa gueule. et ils vont louper l'avion qui doit les ramener vers lisbonne. comment venir ici et ne pas aller caresser du regard le chien de don francisco « el de los toros »? ils courent et ils sont heureux. mathieu me raconte tout cela à l'autre bout du fil. charly est déjà reparti. , de la soie de gibraltar ceignant ses tempes, emportant ainsi avec lui le secret des derniers soupirs de tragabuches, les derniers battements de pieds effrayés de la nena, le dernier cri opaque de pepe el listillo.je comprends mieux pourquoi la mémoire jappe dans leur coups de pigments.



nb : l'iconographie , dans l'ordre :
"pepe el listillo" de charlie tastet, photo collection personelle, "el perro semihundido" de goya, "el perro de goya" d'antonio saura.

5 commentaires:

el chulo a dit…

ami ludo,
que te dire devant une telle beauté.
à pleurer.
j'allais écrire des larmes de miel, je ne sais pas pourquoi, en plus c'est idiot.
un peu mélancolique comme ce temps qui a passé, ce temps où nous étions, "beaux beaux et cons à la fois" comme dirait mon jacques.
mais surtout beaux de nos espoirs et de nos illusions.
bref, un texte immense et ramassé comme un charge de toro encasté, celui du souvenir.
abrazo pour ce grand moment de bonheur

FiX a dit…

Des souvenirs!!!!!!!
Comme j'aime ta manière de mettre des mots dans les sentiments. Merci Ludo!

Ludovic Pautier a dit…

abrazo chulo.
tu sais qu'el coronel s'inquiète de savoir où en sont tes investigations.
fix, que placer !!! aqui tienes tu rond de serviette, ya sabes.

ludo

el chulo a dit…

ludo,
nous sommes toujours au contact, coronel et moi.
je suis au pied d'une grande paroi, j'ai posé la premier pied et suis sur la première prise.
ceci m'éloigne des ganas toreras juanpedrescas!
je m'occupe d'une certain nombre de mansos desrazados et sournois!
abrazo

popelina a dit…

Ludo,
je ne partage pas les souvenirs (je n'y étais pas), mais qu'est-ce que c'est beau. et je t'ai répondu pour la Farruca, j'écoute lá, ça va bien avec le texte.