dimanche 20 décembre 2009

Nos duele



Maribel Brenes s'est levée ce matin avec dans la bouche un mot. doler.
un ravin la hante. elle doit faire souffrir et se faire mal.
ce matin , j'écoute aussi les nouvelles de Grenade dans un vacarme de bruits de pelles.
je murmure pourquoi dans mon café.
je fais le geste dans l'air d'essuyer la sueur furieuse de Serge Pey avec un gant de peau de taureau. il redit essouflé : " nous ne croyons pas à la résurrection des cimetières ".
je pense à Maribel,
tu les aimerais Maribel, Serge et ses bâtons, son feu et ses palmas à l'envers qui déclouent le seigneur pour le remplacer sur la croix par la longue liste des sacrifiés du fascisme.
la douleur, lui, il la tenaille dans sa chair pour ne jamais la livrer à la mémoire. le ravin qui le hante a les mêmes dimensions mais aux fragments qu'on retrouve parfois dans sa boue il préfère les brisures de psaumes : " laissez Lorca avec son ami le maître d'école et les deux toreros anarchistes ".
Maribel Brenes ne sait pas les larmes qui montent dans la cale des tripes de Serge. Maribel voudrait semer des cendres, elle pleure du vent
.
.
.
depuis deux jours Federico, Dioscoro, Francisco y Joaquin sont officiellement " disparus ".
c'est elle qui doit porter la nouvelle aux familles.
on palpe les douleurs .



et Lorca ,ce symbole qui pouvait unir ce qui s'est désuni, la matérialité de ce qui peut-être de l'ordre du réconciliable, est touché tel un dormeur du val, une seconde fois au côté.
en juin 1927, au teatro Goya de Barcelone, Margarita Xirgu  ( avec Garcia Lorca sur la photo ) fait lever le rideau sur la " Mariana Pineda " du poète de Grenade. elle brode " loi , liberté, égalité " sur un drapeau et meurt par le garrot pour cela.



dans sa pièce Lorca a écrit :

" La plaza con el gentío
(calañés y altas peinetas)
giraba como un zodíaco
de risas blancas y negras.
Y cuando el gran Cayetano
cruzó la pajiza arena
con traje color manzana,
bordado de plata y seda,
destacándose gallardo
entre la gente de brega
frente a los tóros zaínos
que España cría en su tierra,
parecía que la tarde
se ponía más morena.
...
Cinco toros mató; cinco,
con divisa verde y negra.
En la punta de su espada
cinco flores dejó abiertas,
y a cada instante rozaba
los hocicos de las fieras,
como una gran mariposa
de oro con alas bermejas.
La plaza, al par que la tarde,
vibraba fuerte, violenta,
y entre el olor de la sangre
iba el olor de la sierra.
Yo pensaba siempre en ti;
yo pensaba: si estuviera
conmigo mi triste amiga,
¡mi Marianita Pineda!..."

Barcelone. encore. décembre 1932. de retour de New-York, Federico donne une conférence dans cette nécessité primale, cette " réaction lyrique en toute sincérité et simplicité...difficiles aux intellectuels mais faciles aux poètes " envers ce mélange que lui a inspiré la ville démiurge : " géométrie et angoisse ".

aujourd'hui, à BCN -on dit comme ça, les autorités garrotent une autre fois cette pauvre Mariana et sincérité, facilité sont encore plus difficiles aux politiques qu'aux intellectuels.

alors que dire.
rien.
hay que ir calladito y escuchando . como los cabales.

el señor b, Pedro Bravo dans la vraie vie, termine ses posts qui brillent souvent de cette intensité lorquienne, par un "suena..."
alors, ciego ?
alors,
suena " el poeta " de Duquende.





1 commentaire:

el chulo a dit…

ah, ludo, ces fosses qui ne disent pas leurs secrets.
maitres d'écoles, toreros et poete dans la même solitude.
"le tire dos balas en el culo, por ser maricon".
l'explication donc la plus probable de cette horreur, une horreur parmi une infinité d'autres il faut bien le dire.
a fouiller la fureur, on peut aussi récolter des glaces de silence.
mais je reste persuadé, que quel que soit le parti qui sera tiré de cet "échec", et je redoute le pire de la part de nos zélés révisionnistes, il faut savoir et dire.