ce bistro virtuel commence à ressembler à une succursale des usines débitant du bois de sapin.
mais pour qui a jubilé , tanto jubilé, en refermant un livre de miguel delibes ou de llamazares, la disparition de gérard bobillier des éditions verdier n'est pas seulement anecdotique ou juste un nom dans la colonne décés de libération ( faire payer une lecture de nécro c'est d'un goût.ce journal perd ses dernières lueurs de décence , enfin...passons ).
cet éditeur avait du goût. des lettres. une éthique.
parce qu'en sus des deux auteurs découverts puis dévorés - happé à jamais par cette prose tellurique et si "arrachée" - grâce à la fameuse couverture jaune ( en hommage au plumage de l'oiseau répondant au même nom ? on suppose ) il faut ajouter sanchez ferlosio ou saer, borges ( une nouvelle ) ou bergamin ( la soledad sonora del toreo traduit par delay, réédité en poche ).
et je ne parle pas du catalogue de littérature dite hexagonale ( blanchot ! michon ! gatti ! meschonic ! joë bousquet ! ). on y trouve aussi les titres des défunts fourbis et farrago.
du linge de qualité. pas de la littérature au torchon.
issu de la gauche prolétarienne, grand lecteur des textes fondamentaux notamment ceux de la mystique juive ( il fut le compagnon de route de benny levy ), bobillier méritait certainement un coup à boire simplement parce que c'est aussi sous sa coupe et par l'entregent perspicace et efficace de jean-michel mariou et d' antoine martin ( ayant quitté le nid aujourd'hui, celui-ci poursuit son sentier de traducteur et d'écrivain )qu'il accepta de gréer un foc tauromachique dans le sillage de son catalogue. courageux par les temps qui ont couru et qui footingue encore.
ainsi, virent les rivages du papier la revue "faenas" , le somptueux ( il affectionnait ce mot paraît-il ) binôme d'alain montcouquiol autour de la figure de son frère nimeño II , marmande, deck, vidal , durand, garcia, zumbiehl ou les traductions de camilo jose cela ( bien avant son prix nobel , inconnu quasi en france ), chaves nogales ( le plus grand récit taurin ? peut-être ), quiñones ( le plus grand recueil de nouvelles taurines ? puede ser )... tout cela chez un même éditeur.
vaya armario.
fernando quiñones. écrivain, aficionado, cabal y practico.
alors ici, derrière ce modeste comptoir , même si on ne sait la tête qu'il avait notre gérard, il est sûr que , réincarné en piaf et s'il volète jusqu'au bar, on lui offrira sa tournée d'eau de flaque.
que en paz descanse.
12 commentaires:
si tu parles de quinones, de mon point de vue, ça se discute en effet, plus qu'un peu.
je connais, et bien plus près de chez nous, des choses supérieures en matière de nouvelles pures, c'est à dire dans les règles du format et dirais je plus "cinématographiques". "les yeux noirs" de monsieur deck par exemple.
Un joyau, "Les Yeux Noirs"...
Bel hommage Ludo à ce Mr Bobillier.
Un jour, tu devrais me (nous) passer ta liste favorite des vingt (ou dix ou trente...) ouvrages qui t'ont le plus fait vibrer en rapport à notre passion autour de l'Espagne, des toros, du flamenco ou même sans aucun rapport avec eux, juste pour leur musique littéraire : je sens que j'ai de la culture à rattraper et que tu as des perles à nous faire découvrir...
En 1989, quand, dans un bistrot de Toulouse, derrière Saint Sernin, Gérard Bobilier (mais tous ceux qui le connaissaient l'appelaient Bob), nous a proposé, à Jean-Michel Mariou et à moi, de créer et de diriger une collection qui ne s'appelait pas encore "Faenas", il a conclu la conversation en disant:"Bon, maintenant vous avez vos jouets et on a les nôtres. Ce qui signifiait en clair qu'il nous donnait trois ans pour inventer une collection de "littérature et tauromachie" à peu près digne du catalogue de Verdier et qui, quand même, ne perdît pas trop de fric. Voilà comment était le type. C'est ainsi qu'on a publié, dès l'année suivante, "Toreros de salon", de Camilo José Cela. Lequel, quelques semaines plus tard, a reçu le prix Nobel. Comme on était les seuls à avoir un livre de cet auteur (en effet très méconnu en France) à ce moment-là, le truc a été lancé beaucoup plus vite qu'on l'espérait. Après, il y a eu le Belmonte, un autre Cela, et, pour des raisons compliquées (Bob était aussi un type compliqué) j'ai quitté le navire, qui a continué à voguer (certainement mieux) sans moi. Mais je n'ai jamais rien lâché, pour autant, de mon admiration pour l’un (Bob) et de mon amitié pour l’autre (Mariou). Bref, je vous remercie, à titre strictement personnel, de lui avoir adressé ce brindis.
Antoine Martin
pour être tout à fait juste, et dans un domaine très différent des "yeux noirs" quoique! je voudrais citer l'immense "rocio" de marmande.
agaçante pour certains, mais je suppose que ce n'est pas pour lui déplaire, la somptueuse fresque qu'il nous livre, à lire de très près, récèle aussi de nombreux "birlibiloques".
deux écrivains de chez nous, dont nous pouvons être fiers.
Ludo,
Non! Pas de "l'eau de flaque"!... Ou pas chez toi! Pas d'eau de flaque, ni d'eau de camion... par respect pour notre cher Francis Blanche ("Je préfère le vin d'ici à l'eau de là!")... Alors, pour un verdier, quelques reflets verdâtres, façon Chartreuse? ou quelques gouttes de la "verte" à Verlaine, l'absinthe absente désormais?...
"L'Histoire à sa ceinture porte une poche de chance, une bourse spéciale pour la solde des choses impossibles"
(Pierre Michon, "Les Onzes" - Verdier 2009, p. 44)...
Merci M. Bobillier!
Merci, Ludo
Abrazo - Bernard
à chacun,
merci pour vos contributions.
chulo, de quiñones on peut en effet parler. je pense, ce qui n'enlève rien aux yeux noirs d'olivier, que c'est un bel exemple de littérature qui croque avec style tout un monde au marge d'un autre très festif, brillant, coloré, seigneurial et fat : celui de la fiesta brava vu de la terrasse du sple,did par exemple. quiñones décrit ce que se passe à la cave, dans les cuisines. là où ça boumboume.magistral, à mon goût.
marc, j'adore les listes. si t'en fais une , j'en fais une aussi et on se l'envoie.
merci monsieur antoine martin. c'est un honneur que de recevoiir la visite d'un des fondateurs de "faenas" ( et traducteur de cela etautres , auteur de talent, aussi ).je vais d'ailleurs rectifier le tir dans le post.
bernard, déboucher un flacon en ta compagnie est toujours un moment de bonheur. même by the net.
abrazos.
ludo
pour ne pas pleurer, quoique, encore une fois!
ils ont filé le nobel à obama alors que, merde, sarko président du monde était tout désigné.
ah les dangers de la discrimination positive.
heureusement, le fiston, jeannot, le bienheureux et bien né, brillant élève en droit (quelle année?) va prendre le magot de la défense.
je vais te dire, ami ludo, à coté nos tristes magouilleurs taurins, petits bras, sont d'aimables rigolos.
oiur revenir à des choses sérieuses, et tu excuseras mon incise sarkozienne, si tu parles de la "grande saison" de quinones, j'ai en effet, me semble t'il souvenir d'un picador amoureux et d'un banderillero en attente de contrat, mais ma mémoire est infifèle.
j'aime bien que la nouvelles soit formatée, rapide, comme un trait de crayon qui te laisse sur une trace ou une piste, c'est à dire t'invite à imaginer aprèsavoir lu.
de mon point de vue, quinones bafoue souvent ces règles, (si je me souviens bien la "nouvelle "la grande saison" est presque un récit ou un roman, mais de mon point de vue pas une nouvelle), alors que olivier deck les a respectées.
et de plus j'aime ce regard qu'il porte sur ses personnages, qui jamais ne juge et plein à la fois de nostalgie et souvent de tendresse.
voilà!
disons qu'il fait un temps à tondre des cochons pour obtenir du cachemire ou à prendre les gens pour des cons.
je recommande sur malaka l'article du senor lorca!
Amigos: si anda por aquí Quiñones, ya estamos todos.
Ludo, por favor cierra la puerta que "le huele el aliento", y yo por lo menos me pongo a escuchar al sabio.
La condesa de Estraza
Ludo:
He intentado darles las gracias a François por mencionarme en su 'camposyruedos' y no he podido ya que no logro registrarme pues a mi torpeza con el medio se suma la putada del idioma.
Lo hago desde aquí con tu permiso, aunque intentaré que algún espontáneo me eche una mano y si lo consijo también dejaré allí mi agradecimiento.
Un abrazo flamenquito para ambos.
Carmen Esteban
si , yo cierro la puerta y a escuchar al fernando.
en cuanto a los de campos y ruedos, no puedo echarle una mano desde lejo. pero le mando datos para conectar con ellos.
un beso.
y una copa de champan, frances !, que de vez en cuando me caen bien esas bebidas de julay.
ludo
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