jeudi 22 octobre 2009

Soleares consumidas ( à martine et jean-yves )



Jean-yves Bériou est né il y a quelques dizaines d’années dans une ville du nord.
un nord en absence de célébration à la Verhaeren.
un nord de fuite.
y puerta.

aujourd’hui, il respire dans la gangue méditerranéenne et cosmopolite, effervescente , de barcelone.



Lui, accroché au vide du ciel, le ciel et ses violettes,
Les morts, eux, dans des niches que le vent sculpta.

Les oiseaux creusés de galeries si fines, et si lointaines,
Comme un cri, un enfant à genoux sur la mer.

L’automne descend vers le cœur, et des hordes de chats.
Ma main posée sur l’épaule d’une ombre. Nue, poudreuse.

Déjà, les bêtes rassemblées vers les reins, qui disparaissent.
Non, encore une fois, la nuit abreuvée de routes, de haltes.

Tu peux dresser la carte, tu peux signaler les ports.
Tu dormiras entre les draps du sang, répandu sur rien.

Fougères noires, voiliers d’éclipses, étoiles de sable.
A boire le vin crispé de la mémoire, demain.


( extrait de « Nous y sommes » / JY Bériou )

pourtant un septentrion l’a rattrapé. c’est celui de l’Irlande gaélique : landes et chants, poèmes et peuples.
il a ainsi promu « El cante jondo del oeste » , en fait traductions, commentaires et CD autour de la tradition musicale la plus lointaine de la verte Erin.



écrivain et traducteur marqué à l’écoute du monde, il tient ses barricades derrière l’écluse tissée de ses mots ,de ceux du « livre des poisons » et « du froid » d’ Antonio Gamoneda.

« Je reviens chez moi au travers de l'hiver : oubli et lumière sur les linges humides. Les miroirs sont vides et, dans les assiettes, la solitude est aveuglante. »

( Antonio Gamoneda / Le livre du froid )



avec sa compagne Martine Joulia ils ont vécu l’aventure des éditions Antoine Soriano qui publièrent d'ailleurs des "cahier de la tauromachie".

sur cette route ils ont allumé deux brasiers, les biens nommés « Je me consume » tome 1 et 2.
ce sont des recueils de coplas.
celles du père des deux Machado, «Demofilo» , de Jose Maria Rubio, de Perez Orozco et Fernandez Bañuls ou plus prosaïquement tirées d’enregistrements phonographiques, de recueils populaires passés au tamis du français par Jean-Raphaël Prieto ou par martine et jean-yves eux-mêmes .

un exemple de ces merveilles ?
si vous avez des babines laissez-les à lécher , la langue, la vraie, elle est là…

Cada vez que considero
Que me tengo que morir
Tiro una manta en el suelo
Y me harto de dormir


Chaque fois que je pense/que je dois mourir un jour/je jette une couverture à terre/ et je dors à en crever

ou encore,

La noche del aguacero
Dime donde te metiste
Que no te mojaste el pelo


La nuit où il tombait des cordes/ où t’es-tu fourrée, dis-moi/ tes cheveux n’étaient pas mouillés

ces deux livres de coplas sont un pur et somptueux cadeau à l’aficion, à la poésie, à la vie.



dans un poème de Jean-Yves Bériou, je lis :

Le miel du noir,
Les cris des saumons ;
Rouge, la rate du sommeil,
Amère comme la pierre acide
Du cœur.
La solea par Talega, pour la peau.


( JY Bériou / Cinéma )

bueno, por eso, va por vosotros, martine y jean-yves
Juan Talega,
por solea.
De veras

1 commentaire:

el chulo a dit…

c'est bien de cette limpide simplicité révoltante pour celui qui n'est ni écrivain ni encore moins poête que les mots, pépites noires et brutes, ignorées et maltraitées, surgissent de l'écume crasseuse de notre médiocre suffisance pour fabriquer de la lumière.