jeudi 27 octobre 2011

Les jours de la démangeaison ( Archipiels 34 )

Jour I
Juan Jose Padilla / son corps allongé
on dirait de la suée /  imprévue sortie
de terre /de l'oeuf / de la corne qui accroche à nu la fente en jeu / ce vertige
dans le ciel d'en bas.

Il a dit / mes enfants / mes enfants / cette voix humide
les marchands s'en font  tatouage / ornement.

Dans le silence ma main rejoint mes os
je veux imaginer un crâne mort et fluide.

Jour II

sur la carte Wikipédia / Le regard / la Syrie / vraiment
une flaque de sang.
Adonis, Adonis
nous dressons des dunes
pour détourner la mémoire du vent / l'aveugle rend le sable
inutile.

Jour III

Dans le bureau l'enfant ne triche pas.
Il l'a vue / la scène / sa mère
un coup de poing / sa chute / le sol
récupérer ses larmes est impossible
coudre une enfance pour clore les yeux
aussi.

Il y a une inconnue / aimante / sans doute /pas d'ecchymose
sur ses rêves
elle a pourtant une haine / un mépris / sa négation
parce que nous aimons les taureaux
sous le soleil / le galop dans la paume d'un homme
leur force d'aller au sacré
sans passer par dieu.

Elle souille les combats d'une vie.
Elle crie / toutes ses forces / la prison
le feu des purifiés pour nous.
Elle rit devant la statue du torero maculé / le sel
dans les yeux d'Alain / elle exulte
elle veut notre effacement / c'est son coup de poing
dans mon altérité / le sourire de Radouane
son soulagement / ses ailes lourdes posées
quand il laisse son manteau de noirceur
au crochet du couloir.

Jour IV

Chenel
une langue de taureau traîne à sa lumière
une comète lilas / oro / credo
de la pulsation
pour chaque intervalle / ondoiements
des tissus
aux décollements du talon.
Antoñete
le parfait équilibre / la folie aigre-douce
des aveux au bordel
avec une tête d'horloge cassée / des os de farine
une redingote de fumée et d'anis
et
"un toro metido en las venas / que tiene mi gente". (*)

 J'ai repensé à la dame du jour III / sa furie / ses geôles / mon effroi
Grand bien lui fasse / après tout / demain
je regarderai l'invisible
dans la viande de Cantinero
pendue au crochet / desolladero / Madrid / 1985.
(*) Rafael Alberti

Ludovic Pautier / Pessac / octobre 2011

Nb : à lire sur Chenel, le texte de Deck, le souvenir respectueux, malicieux et mélancolique de Carmen Esteban, sa traduction par Chulo, l'adieu de Berrendita, les photos du maestro dans CyR et d'ailleurs , toujours dans CyR un rappel d'une anecdote : Chenel enregistra un disque ! oui monsieur ! un disque ! adieu bohème, tiens...

Nb2 : J'ignore de qui est la photo de Chenel. Je m'excuse auprès de l'auteur si éventuellement il passe par ici. Elle est là parce qu'elle m'a touché. Et j'apposerai un nom avec plaisir si quelqu'un peut éclairer ma caverne.

4 commentaires:

el Chulo a dit…

he oui, mon ludo. nous nous dirigeons vers le froid, dans un monde de plus en plus figé dans la glace de la folie. moins de novembre de tous les marroniers mais d'une vraie nostalgie.

merci en tous cas pour ce magnifique texte

La condesa de Estraza a dit…

Querido amigo Ludo: aunque no entiendo ni papa, ya echaré mano del maldito traductor pues me pasa igual que en el caso del Chulo, daría una mano por poder leeros en vuestro idioma... cachisss.
Bueno, da lo mismo, hablamos por señas y se acabó, aquí me tienes en la barra con BP acodados al fondo del mostrador, qué lujo, primo, pues por el camino que vengo de Correos y antes de llegar me venía canturreando por Manzanita, tan ricamente, y os recordaba.
"y por la mañana
bajaremos al río
para lavarnos con agua clara,
el sol por compañero,
mi guitarrita y mi gitana..."

La condesa de Estraza

Pd: Ludo, te debo contestación a diversos correos, ya sabes que perdí la dirección mail de toda la vida y, recuperada siendo irrecuperable gracias a Rosa Jiménez Cano y sus sapienzas, me encontré al abrirla de nuevo con 669 ídem de los que me he impuesto contestar por orden, te informo que voy por el 353, te llega el turno ya.
No obstante si hubiera algo urgente, avisa, la urgencia tiene prioridad como bien sabe el Chulo y sus traducciones.

Maja Lola a dit…

La peau de Padilla, le sang de la Syrie, les larmes salées dans les yeux d'Alain, la mort d'Antoñete "con su toro metido en las venas" ... poignantes descriptions qui apparaissent comme des lumières essaimées dans la forêt lyrique et sombre de ce poème. Très beau.

Bernard a dit…

Ludo,

Merci pour ce bel hommage, et pour les "os de farine", et "la redingote de fumée et d'anis"...

Abrazo - Bernard

PS: malgré la magie du 111111, nous ne pourrons être en Saint-Sever