Avec une constance de forgeron martelant le tempo d’un Martinete , la Peña Jeune Aficion donnera sa traditionnelle « Noche Flamenca » ce Vendredi 4 Novembre dans la salle des
Jacobins de l’abbatiale Saint-Séverine.
Cette année, l’équipe
chargée de la programmation a choisi un ensemble où la part belle est
donnée à la tradition et à la jeunesse - gitane et « paya »- qui, malgré
l’exil et l’émigration depuis cette terre espagnole jamais aussi
puissamment désirée qu’au travers de la transmission artistique orthodoxe de
leurs pères, est transcendée par l’héritage
d’un langage artistique les plus intenses qui soit et dont elle transporte
jusqu’à nous les codes et les duendes.
Le spectacle que les
artistes réunis pour l’occasion ont monté spécialement pour St Sever s’intitule
« Tablao Los Hernandez ». Ce titre, c’est un double hommage. Tout
d’abord à cette forme de mise en scène dépouillée, le tablao, c’est-à-dire la représentation la plus proche des réunions
familiales primitives où chacun encourage ses partenaires d’un soir à donner le
meilleur de soi, à dévoiler sa part
intime et son savoir pour tenter d’aller au-delà de de l’académisme et de la
simple virtuosité . Ensuite, « Los Hernandez » sont une famille
gitane dont les racines flamencas irriguent fortement notre sud français depuis
plusieurs générations. Il est donc apparu nécessaire de la célébrer en permettant aux héritiers de cette
lignée de se retrouver pour une soirée
d’exception. Il y aura donc « El Kiko », Tony et Yeye Hernandez respectivement au chant, à la guitare et aux palmas. « Kiko »Hernandez
transporte le savoir et le
« son » des anciens dans sa gorge d’où monte une voix dite naturelle,
à l’épaisseur ambrée et profonde, fière de ses origines. Son primo Tony, un des piliers de la
dynastie, est un créateur et un interprète au talent reconnu même au-delà des
Pyrénées ( il a, entre autre, accompagné « El Pescao » ou encore Jose
Mendez de la famille de La Paquera). Pour l’aficionado autant que pour le
profane, ses falsetas , où se répondent mélodie et compas sans faille, sont de
purs bonheurs qui émaillent un jeu subtil, à la fois
sensible et essentiel . Quant à Yeye
Hernandez , son compas, c’est à dire
son sens des rythmes complexes du flamenco- indispensable à l’accompagnement de
la danse- est impressionnant de maîtrise. Il sera soutenu par Hamed, un acolyte
des plus doués pour ce genre à part entière que sont les palmas. Ce dernier vient de la Peña Copas y Compas, brillante pépinière flamenca de Bordeaux dont
Cecilia Gonzalez, talentueuse promesse du baile,
est en charge depuis plusieurs années. C’est
elle d’ailleurs, qui sera sur scène ce 4
Novembre. Cecilia, aussi bien dans les palos festeros que sont la Buleria ou les Alegrias, les Tangos,
comme dans les plus archaïques danses du répertoire le plus profond, possède
une technique toute en tension et force intérieure qu’ elle libère grâce à une inspiration où se croisent grâce et orgueil. Cette passion, elle la tire des
enseignements des plus grands auprès desquels elle s’est formée (Andrés Peña,
La Moneta , Maria del Mar Moreno…) mais la puise également de son aficion sans limite pour le chant,
pilier primordial du flamenco. N’oublions pas de signaler non plus qu’elle a
remporté un premier prix du concours de danse de Mont-de-Marsan en 2007 lors du
festival de Juillet.
Avec ce spectacle La Peña Jeune Aficion entend jumeler une fois de plus Toros y
flamenco avec , comme le dit son président « la culture comme bras
armé, et l’Art comme étendard ! ». « Tablao Los Hernandez »
entend bien relever le défi de cet adage.
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