lundi 5 septembre 2011

RIP in Santiago

Dans les couloirs de Radio Campus le murmure est fréquent : " Putain, t'as écouté 'Falseta" ! il y a encore eu un macchabée chez Ludo". Il faut dire que la faucheuse a fauché ces temps derniers. Il faut dire qu'ils ne s'épargnent pas nos artistes, que comme le chantait Pata Negra  "Todo lo que me gusta es ilegal, es inmoral o engorda". Il faut dire que la plupart sont issus de ces classes dont le taux de mortalité est jugée "défavorable" dans le langage impitoyable des statistiques.Il faut dire que les plus anciens sont souvent les plus grands, que la famille Flamenca, au sens élargie du terme, ne les oublie jamais et les accompagne jusqu'au dernier souffle. Il faut dire enfin que leur rendre hommage est indispensable, sui generis au territoire de l'art profond et aux hommes qui le peuplent.

Moraito Chico est parti le 10 Août dernier et , oui, dans les corridors de la radio , dès la reprise de l'émission il y aura de la douleur et du devoir à reparler de ce tocaor à l'intuition "groove", généreux et ecclectique, seigneur du compas, fier de sa lignée, accompagnateur parfait des chanteurs les plus rancios au plus hétérodoxes...

Juste après la béance - ces jours qui nous enlevèrent brutalement Enrique et avant lui Terremoto aussi- qui nous laissa hagards, Patrick avait glissé une confidence à la sortie des cartels du festival de Nîmes :  "Moraito est mal, muy mal". Un cancer avancé. pourtant en Janvier, du diamant inspiré serti à son soniquete de Jerez il avait quand même rayé l'air du théâtre. Quelque temps plus tard, un chapeau de pudeur sur le crâne, Morao tenait dragée haute à la maladie en accompagnant le cantaor David Carpio chez lui, à Jerez. Mais mi-Août, cette même Jerez le pleurait et quand j'ai ouvert la messagerie au  retour des vacances, je n'ai fait qu'ajouter quelques gouttes au torrent de la rage, du désespoir, qui s'épanchait de la Calle Nueva .

Moraito ! 55 balais ! una putada.
RIP in Santiago, Maestro.

nb : deux vidéos, la première avec Morao adolescent et Antonio Malena au chant, de 5 ans son cadet. c'est un extrait de la formidable série dirigée par Jose-Maria Velazquez Gaztelu :"Rito y geografia del cante" diffusée à la télévision Natinale espagnole entre 1971 et 1973. quand on voit où en est TVE aujourd'hui...la seconde est extraite de "El sol,la sal y el son" présentée par Jesus Quintero.


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