( aux bernards, el chulo y el campogrande)
on est là.
à buitrago del lozoya.
devant la porte du musée Picasso.
on vient de recevoir des noticias de la sarabande taurine du mois le plus auguste.
on dirait d’ailleurs un carnet de campagne impérial : ocho orejas en gijon, apoteosis en huesca, cumbre en el puerto…la fiesta va bien !
on clique sur des photos, on jette un coup d’œil sur des vidéos, on tourne les pages des reseñas du bout des doigts.
la réalité , même déformée par le taurinismo à tout crin, semble pourtant évidente. paillettes, futilités, mundofeliz, hypocrisie, toros de mazapan, toreo del destorear…toujours la même faena avec toujours le même animal.
ronde de l’infinie cruauté de la répétition du lavage d’aficion.
on détourne le regard des cornes desmochadas, de la pauvreté de la lidia, des tercios de piques absents ou calamiteux, des pases rematées por fuera, de la jambe en retrait, des circulaires en forme de trous noirs insondables , des culerinas inconsistantes, des stéréotypes, des standards, de l’ennui. avec certainement quelques pépites sensorielles par-ci, par-là, on en convient.
mais ce fatras ! cette marmelade !
on reste ébahi devant l’abîme qui sépare le compte-rendu officiel dont la dithyrambe , au mieux, et la complaisance, au pire, sont les marqueurs et les pages acides, virulentes, révélatrices et démystifiantes des blogs et autres sites passés à la résistance des tranchées aficionadas.
on est là et las…
mais à buitrago est né Eugenio Arias.
combattant anti-fasciste des deux côtés des pyrénées pendant 9 ans. En 1946 il s’installe à vallauris, alpes-maritimes.
un jour, dans son échoppe devenue siège du parti communiste espagnol local en exil , débarque un client pas tout à fait ordinaire puisqu’il a peint « guernika ».
une amitié, née pour cause de mal à l’espagne réciproque jamais démentie et riche , démarre.
après le retour de la démocratie dans son pays natal, Arias fait don de sa collection de céramiques, encres, dessins, affiches…à son pueblo de naissance.
avec l’aide de la communidad de l’époque s’est alors mis en place le plus simple et le plus émouvant des musées consacrés à l’ogre de la peinture moderne.
Arias , lui, reste à vallauris.
depuis un an il y est même définitivement, puisqu’enterré. enveloppé d’un drapeau rouge , or et violet.
que en paz descanse.
on pense très fort à lui.
midi.
ce sont les fêtes qui démarrent à buitrago.
pregon, pasacalles, limonada, encierro, festival taurino, verbena, orquestra "platino", grupo "kalifornia"...
nous, on descend dans les entrailles de la confraternité.
entre les vitrines de ce musée de poche, on est soudain frappé.
frappé parce que tout à coup el de malaga , ce malin, retors et moqueur, semble avoir joué au prophète de la religion des taureaux.
d’abord, on réfléchit à la genèse de cette petite merveille.
au chaos initial.
A Arias.
Arias avec qui il se lie et qu’il emmène avec lui a los toros, passion commune.
Picasso avait choisi Arias comme topique de cette espagne qu’il avait au ventre et qui lui manquait , à la pachydermie franquiste telle, qu’elle lui échappait des mains autant que des yeux.
profession du sieur : barbero.
on devine la prémonition.
agacé par ce détail, on déambule. on tourne, on vire. quelque chose prend forme. l’oracle est éparpillé mais il constitue comme un résumé d’une novela negra de raul nuñez, un story-board concis et parfait d’un wild western de sam peckinpah.
les preuves ? les voici.
la fiesta, violentée par ses propres enfants, accouche de six petits taureaux frits qu’on s’envoie arrosés d’un bon coup de bibine pour faire passer le tout et oublier.
ce pourrait être le titre à rallonge de ce triptyque.
on sort de buitrago. on est estomaqué.
la route permet de digérer le coup.
quand même. Picasso devin. le génie clairvoyant semant des énigmes dans un bled au pied de somosierra.
et le charivari qui continue : bochorno en dax, saldo ganadero en malaga, desastre en el botxo…
avant la semonce de buitrago, je n’avais cessé de penser à comment supporter cette caisse de désespoir, fardeau de triomphes d’oreilles prédécoupées à la chaîne et mises en boîte « abre facil » .
fallait-il forcément se contenter de trois capotazos et une série de derechazos macérés dans un jus de guadalquivir et conservés jalousement par un torero de la puebla ?
le toreo n’est pas une conserverie de luxe. ni même un musée en titane. fuissions-nous à bilbao.
buitrago, Picasso, Arias. on y revenait.
toujours.
puis sont venus les jours que je préfère : ceux de l’été qui amorce sa rupture.
une délectation.
les plus belles lumières d’une aquarelle au jus de pamplemousse noyée sous un vent de maraude. une obstination diurne dans un soir de rivière lazuli, cette flânerie au-dessus des estampes de pins sans-têtes.
comme en ce moment.
il y a une heure environ les yeux scintillaient à l’unisson des ors de la chaquetilla de Juan Del Alamo qui en finissait avec son tour de piste encombré de casquettes, de châles et de fleurs.
la señora ganadera de baltasar iban rougissait sous l’ovation.
on avait vu une tarde de toros.
six morsures de caste, grande caste, étaient sortis des chiqueros du plumaçon en l’honneur du saint du jour : perdon.
oui, perdon, pardon.
pardon pour ces novillos qui ne trouvèrent sur leurs sillons, hormis Juan, que des planteurs de navets.
sur l’échine de ces taureaux un frisson, unique, qui ne demandait que deux choses pour s’apaiser : pelea y papeles.
seul le peuplier y a pris racine.
et sous son feuillage l’aficion pouvait se rafraîchir.
Alors la mémoire rembobine.
idem à saint-sever une semaine avant.
il fut question de taureaux qui nous mirent saoûls, « gris » comme leurs poils.
c’était bien eux qui nous avaient donné à la régalade le « porron » des émotions.
nous étions sortis transportés. malgré la blessure terrible d’Oliver. à cause aussi de cet air qu’a Mario Dieguez de dire, quand il vous fait confondre sa poitine et sa muleta tellement il les avance ensemble : « mira, para mi el modelo es Morante, pero en el espejo , soy yo ».
voilà. les idées sont plus claires.
c’est la fin des vacances et il faut faire un tri.
Picasso n’annonce pas le chaos, il nous prévient.
quant à Arias, c’est certainement lui le vrai génie. d’ailleurs , Eugenio…
écoutons-le alors :
"me lo querían comprar todo los japoneses y los alemanes, pero a mí no me mueve el interés, se lo he dado a mi pueblo con el corazón". *
* c’est aussi, cette conclusion, un clin d’œil à tous ceux qui ont trouvé juan del alamo un peu « pueblerino ». hier, il a dit avec son corps, son capote, sa muleta et son épée la même chose que le coiffeur de don pablo.
nb : les photos...la 1 est tirée du blog municipalde buitrago. la 2 du blog de rosa jimenez cano et les 3 et 4 de celui de l'équipe de malaka. la 5 c'est le bandeau du museo. la 6 a été trouvée sur un wikimachinchose consacré à Arias. les 7, 8 et 9 sont tirées su catalogue du même museo. la 10 et la 11 proviennent du site terres taurines et l'ultime quant à elle je l'ai "péché" sur "los sabios del toreo" .
10 commentaires:
Aun a pesar de mis limitaciones con la lengua de Moliere, te felicito amigo Ludo por este escrito y admiro desde ya al Sr. Arias. No se puede ser mas generoso.
Por favor por la otra via o silo prefieres por esta, informame sobre el museo.
Salud
Vive l'Espagne, Eugenio Arias, la caste des Baltasar Iban et merci pour ton texte ravigotant.
mi coro ( como dice la condesa ), le deje un enlace en el texte. un click sobre la palabra museo y pum estas en el sitio. nunca fuiste ? como lo digo en el post el museo mas humano que conozco dedicado al genio.
pierre, "ravigotant" ? de "ravigote" comme la tête de veau ? la caste des baltasar c'est vrai c'est comme les câpres de ce plat, sans elles le morne est est en cuisine. et ta tambouille, on goûte quand ? c'est la rentrée qui te fait patiner ?
un abrazo a los dos.
ludo
ami ludo,
merci pour ce magnifique brindis et ausi ce magnifique texte.
ils me sont allés tout droit au coeur, et je suis certain qu'il en est de même pour largocampo, qui est dans les affres des pré vendanges, je suppose. le vin sera bon dit t'il!
magie d'internet que de t'avoir "croisé" ainsi que notre cher "atrincherasd" de paracuellos, le vaillant "coro", et l'incandescente "condesa".
très belle histoire que celle de ce coiffeur, qui rappelle que parfois les hommes peuvent être grands et fidèles à leurs idéaux.
elle me fait penser à celle de george, le mari de nan green, parti à 20 ans de son royaume uni natal. Musicien dans la dêche, il gagnait mal sa vie en jouant du violoncelle dans des rades.
il partit donc pour la guerre d'espagne écrivant à sa mère pour se justifier d'avoir laissé ses enfants à charge de son beau père:"1. nous sommes partis en guerre parce que nous aimons la paix et haissons la guerre. 2. le fascime est ce qui crée les guerres aujourd'hui, qui menace les foyers et la sécurité de tous, et ce fas cisme, on peut le vaincre de façon décisive en espagne, et si nous le vainquons en espagne il aura été vaincu pour toujours en tant que force mondiale"
corpulent et enjoué, il venait en permission voir sa femme, elle même partie le rejoindre en tant qu'infirmière. il avait monté un orquestre. il n'était pas très fidèle et aimait la vie.
il est mort sur le front de l'ebre le 23 septembre 1938, tentant de défendre une position avec une une mitrailleuse et très probablement écrasé sous les chenilles d'un char franquiste.
a cette époque il avait été décidé de retirer les troupes des brigades de façon à faciliter d'éventuelles médiations internationales. george avait demandé, alors qu'il avait été blessé qu'on lui accorde la faveur de participer à la dernière action avec le bataillon britanique.
un dangereux stalinien, ce george.
pour le rste, je veux dire les toros, peut être l'an prochain reprendrai je ce que je faisais avec mon père, la chasse aux novilladas, seul endroit où semble t'il il se passe encore quelque chose.
j'espère qu'à bayonne, ils ne prendront pas le mal de mer avec le roulis, face à cet océan de toros.
très content des baltazar, comme quoi, il ne faut peut être pas désespérer.
peut être.
je te souhaite un bon courage pour ta rentrée.
abrazo
Bonjour monsieur Ludo,no tengo ni idea de que va el rollo ni el post ni nada,pero la foto del "punki" del cordobe,es para que salga en la portada de algun recopilatorio de "ESKORBUTO",ya sabe uste(ya no quedan mas cojones ESKORBUTO a las elecciones) muy buena foto,un saludo. Arevoire.
Ludo,
Euh, Vallauris, c'est dans les Pyrénées orientales ou... dans les Alpes maritimes?... Au fond, tout ça n'a pas d'importance puisque les deux (Alpes et Pyrénées) nous ont un pied dans la Méditerranée, patrie du culte antique du Bos (enfin du boss quoi!)... Sinon, sincèrement heureux qu'après Saint Sever, la caste ait paru à Saint Perdon (même transporté par procuration à Mont de Marsan)...
A bientôt et bien à toi - Bernard
PS: me compterais-je dans l'adresse "aux bernards"?... Si oui, grand honneur... Si non, heureux ces bernards-là!
señor kaparra,
un placer saber que sus andares le conducen hasta la boveda de la taberna de los "cuatrochalaos" como bien dice nuestro SYM. siempre yo fui mas de los clash (escribi una vez que strummer fue el belmonte del rock'n'roll )que de los pistols. me encantaba que cuando un fan le preguntaba a joe que era "brigata rossa" que tenia pintado sobre la camisa le respondia que una marca de pizza (o de ketchup , la memoria me falla esta en la peli "rude boy" ).era para los maleducaos que utisaban "fuck" entre dos palabras como pensamiento politico.
del cordobes...creo que no es mala persona pero el tambien pensaba que ser revolucionario consistia en pintarlo sobre los lomos del coche de cuadrilla.
arias le hubiera cortao el pelo que se portaria mejor el gacho today. agur.
bernard, j'ai rectifié ma monumentale bévue géographique.
y claro que el brindis va por ti, bernard grandchamp es campogrande ( "grancampo" ne sonne pas bien ).
un abrazo (on a pensé à vous dimanche ).
Querido amigo Ludo: no he faltado un día por la taberna en este tiempo, lo que pasa es que cuando pasé no andabáis ninguno por aquí, me refresqué y salí zumbando.
Qué animación, café para todos, con o sin bollería, y que siga el 'age' y la amistad verdadera.
La condesa de Estraza
condesa,
sabiendo que ha pasado por aqui el bar se pone a runrunear como cuando curro cogia la esclavina de una manera que se sabia lo que podia pasar.
"Cuando va andando
rosas y lirios va derramando."
andando y zumbando tambien.
un beso.
ludo
A la estupenda cuadrilla de los pinchos del ciego,
Ciego azar pero clarividente: hoy caigo en vuestro sitio por pura chorra y me llena de emocion como un encuentro de amistad fraguado en sinceridad y aficion.
Al grano: resulta que soy hijo de Eugenio Arias, Pedro Arias, que heredé la suerte de tener un padre amigo o un amigo padre amante de la amistad, y quiero daros constancia de que vuestro contacto tan inmediatamente justo y entrañable con el museo de Buitrago me mueve a procurar conectar con vosotros y daros noticias del museo de buitrago, ya que a lo mejor contribuimos sus amigos a pasarlo de manantial un poco encharcado a fuente caudalosa de arte y amistad, que para eso andamos toreando.
No sé si os va a llegar esta señal pero alli va.
Porfa, conectar con pimi@club-internet.fr, o llamar al 0145454626, o escribir a Pierre Arias 24 av. Jean Moulin 75014 PARIS,dando referencias de contacto, que hay porron por delante para festejar toros vivos con Pablo y Eugenio.
Hasta luego y a ver si hacemos camino al andar.
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