samedi 16 août 2008

le coude de curro (transmontes 2)

...et curro diaz alla des cils en bois bordeaux jusqu'au milieu d'une île appelée redondel. en accompagnant le taureau, par le bas, le très-bas, por lo bajini disent les gitans qui se remémorent la mère chantonnant dans la pénombre de la chambre. ce fut quelque chose de long et cadencé. comme un travelling de max ophüls. dans la faille de mon san andreas mental éclatèrent les olés. vivre et rêver.
vivre ce toreo que certains élus détiennent et parsèment. rêver avec les paumes ouvertes et les poignets faisant des allers et retours pour accompagner le compas des tientos de l'époque de caracol.
tout cela curro le fit à dax, terre landaise qui se dit amante des toreros mais qui hier avait l'âme vulgaire. mais il aurait du le faire plutôt à juneau et le peuple des alaskas serait sorti de ses foyers pour lancer au torero des clochettes de traîneau, des totems et des jaleos prononcés dans une langue inconnue mais précieuse.
je dis juneau comme je dirais madrid. et alors là c'est l'esprit saint qui s'effondre.

ensuite les mêmes coeurs congelés crurent voir un torero décroisé et se mirant dans son propre reflet. je pris alors en pitié tous ceux qui emprisonnent ce qui les irrigue dans une glacière. ils ne savent pas non plus laisser cuire sur la braise leur muscle le plus indispensable jusqu'à ce qu'il exhale cette odeur de grillé succulent.

dans la nuit des sentencieux ("mais pourquoi nous décrivent-ils la corrida, on y était les gars !" me susurra mon amour ) un, ou une, s'est enhardi à avancer que le toreo de curro était codillero*.
pauvre femme, elle ne s'était jamais rendu compte que le bras doit frôler son poitrail si le maestro veut nous transmettre les battements des charges de l'animal. le toreo s'écoute dans les coudes de puya, de cagancho, del albaicin, de gitanillo, de victoriano, del choni, de rafael et de curro. mais elle donnait de l'importance à ses connaissances, enfilant sans saveur les perles de son savoir de papier couché.

savoir et saveur.
c'est exactement ce que mit curro diaz dans son toreo. et si nous ne le valorisons pas plus que cela maintenant que va-t-il nous rester ? une passion pour l'hygiène, c'est certain. mais je ne crois pas qu'un coeur d'athlète intéresserait l'écoute de mon coude pour qu'il puisse offrir à ma main sa poésie. il s'éloignerait avec tristesse et il commencerait à sentir poindre des regrets. ceux des temps où poètes et toreros jouaient au coude à coude.

* codillero : avec le défaut de trop coller au corps son coude de manière raide et courte.
ce qui est une certaine marque de fabrique d'un toreo très personnel si ce travers est arrondi , maîtrisé et que cette aspiration particulière devient alors inspiration.

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