mardi 5 août 2008

De retour


de retour.
de retour dans les pissenlits chaque année plus nombreux, la chair éclatée des prunes laissant flotter un zéphir qui s'acidule sous la masse tiède de l'arbre, des centaines de papier publicitaire comme autant de supplices coloriés à la misère écologique de notre vie consommatrice, le sable qui s'égrainent des pages et des linges qu'on range à coup de gestes lents, l'étincelle des garances de la peau de ces tomates poussées avec juste un peu d'eau à leur pied en partant, le voile du maté solaire sur la peau qui retrouvera vite son lait, la fatigue de s'être reposé autant, le bruit des baïnes au fond des tympans cisaillé par la stridulation qui n'avait plus de nom jusqu'à il y a de cela quelques secondes encore : le téléphone .
de retour.
de retour sur les souvenirs, ce qui tient de mouchoir humide enveloppant la mémoire.
la quiétude de mathieu, l'intelligence de ses projets, les bouts rougis des cigarettes partagées, son bonheur d'être comme un extraterrestre avec les doigts de pieds encerclés par la plage, les fous rires de voir miguel et les filles si beaux.
le riz de calasparra épandu dans le bouillon juteux qu'olivier laissera un peu craquant par endroit pour qu'éclate l' ivoire de l'amidon , ce liant aussi puissant que les amitiés sous la nuit. la lueur d'un ducru-beaucaillou pour ne jamais oublier le premier regard d'un enfant posé sur le berceau voluptueux des cuisses d'une mère apaisée de bonheur enfin.
le corps d'ablette athlétique de charlie , fier d'être malicieux de nous passer la bouteille de vin au goulot, sa peinture qu'on peut même voir dans ses yeux.
par contraste, les noeuds dans les branches de l'arbre qui tient lieu d'enveloppe charnelle à julien. matador de toros cela s'examine au territoire bosselé de la peau, aux ruisseaux maigres des blessures qui zèbrent son derme sombre comme des filaments laissés par la bave de la douleur. en écrivant cela me reviennent les images d'un julito d'alors, de son corps d'enfant engoncé dans le traje campero des premières illusions. seul le sourire, celui d'un carnassier de la vie mais croqueur de fleurs champestres, n'a pas bougé. julito, ciego, est julien. un homme.
et didier le conteur au verbe de bilboquet, et hop !
la douceur de nicole quand elle le regarde...
la sincérité de pascale.
l'hospitalité complice de claudie et françois.
la tendresse d'hélène.


de retour.

de retour, le ciego pense encore une fois à tout cela dans la pénombre avant d'ouvrir les portes à battant du bar.

il ouvre et décide d'accrocher ces mots aux palillos des premiers pinchos matinaux.

le goût est certainement le sens qui nous trahit le moins.

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