jeudi 30 octobre 2008

Le sonnet de curro


attention ! pour comprendre ce qui suit il faut avoir eu sous les yeux le texte publié par campos y ruedos à propos de jorge laveron.
en le parcourant des coulées de souvenirs ont giclé.
au début,je voulais ajouter juste un commentaire.
mon grain de sel.
au bout de quatre mots j'ai senti qu'il fallait aller plus loin dans la saignée.
alors voilà.


préalable :
lecture du texte de solysombra puis de vicente llorca.

pause.

clavier.

en avant.

moi je lis ça et j'ai la larme à l'œil mêlée à l'envie de me saouler.

parce qu'on a tous nos laveron quelque part dans nos ventricules.

en plus, le vrai, le jorge, on a envie de le croiser calle etchegaray et de lui payer un coup à boire juste pour avoir encore soif après.

c'est le plus important, d'avoir soif après.
avant, ce n'est pas avoir soif, c'est se désaltérer.
écouter les jorge c'est vouloir être plus assoiffé après qu'avant.

la phrase sur curro, c'était juste le lendemain de sa dernière oreille coupée à madrid.
l'année de l'expo.
1992.
la 'épo, comme ils disaient, sur le bras mort puis réactivé du oued-el -kebir.
la 'épo qui avait permis de virer les derniers gitans de triana et de les installer pour toujours aux tres mil.
poligono sur.

mais en lisant des guides pour touristes on peut encore tomber sur ce genre d'âneries : " triana. quartier des gitans de séville ".
jetez le guide et passez un coup de fil à bobote. c'est plus sûr.

la mascotte de la 'épo c'était un personnage qui ne collait pas à séville, genre le monde enchanté des polipockets. mais il s'appelait curro.

Ce jour-là d'octobre comme seul madrid peut en enfanter,
Curro -le vrai- un taureau, un tio de jao moura pas un toropocket, l'avait attrapé.
on l'avait cru mort.

Le moura s'appelait “soneto”. C'était bien curro ça, se faire trouer la couenne par un sonnet.

Son confiance avait commencé la vuelta avec l'oreille demandée et obtenue par l'aficion la plus exigeante du monde quand soudain
l'infirmerie s 'est ouverte.
comme la mer rouge.
et curro en a surgi pour achever la vuelta pied nus, le romarin aux naseaux.
Aqui soy yo.

En descendant des tendidos j'ai aperçu chinito.
Il avait l'air d'un prince dans son pantalon de toile rouge, sa liquette blanche et ses chaussures en paille , alors que tout le monde portait jaquette.
j'ai voulu l'embrasser. Il avait disparu. un elfe ça ne se rattrape pas.

Je ne sais pas, mais sa faena au curro de mi arma -20 passes, 12 peut-être - c'était une solera de la génération du 27.
un truc de pruneau , de noix et de cire descendu par tirage successif jusqu'à nos pieds.
un truc pour avoir soif ensuite pendant un bon millier d'années.

C'est simple, joaquin vidal avait écrit dans sa chronique : “Tres minutos después de iniciada su faena al cuarto toro, Curro Romero ya había hecho todo el toreo. “ .

juste après, on avait croisé jose maria velazquez (el pais aussi, supplément du dimanche, branche flamenca, canal rito y geografia del cante ) dans ce bar où on chante la salve rociera à minuit, toutes lumières éteintes.
« toi tu chantes »
« un peu »
«  tu chantes por fandango » il avait dit à mateo.
«  et toi » brusquement vers moi « toi, tu chantes por buleria, ça se voit ».

juan n'était pas d'accord sur notre currismo échevelé.
il disait les choses avec du recul .
j'étais bien incapable d'en avoir, du recul : en un trincherazo, un changement de main et quatre passes à gauche donnés avec une muleta tenue large comme une corde à linge, celui de camas m'avait projeté hors du cosmos. Pour prendre du recul c'est trop loin.

thierry avait débarqué,
un brin de romarin à la boutonnière.
Habillé en progre madrilène qui a trouvé sa canaillerie.
je l'aimais bien thierry , mais du coup jose maria est parti.
Il nous avait juste redonné soif.
C'était le principal.

Le lendemain jorge laveron cognait sec et précis :
« qui n'aime pas curro n'aime pas sa mère » ,
donc , et aussi «  curro est à inscrire à l'unesco, section patrimoine de l'humanité ».

alors on est parti avec toute la clique et olivier toréer des vaches à san agustin de guadalix.

sinon aujourd'hui,on serait encore à madrid.

en train d'étancher notre soif.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Agua de vida !