lundi 20 septembre 2010

Un toril jamais vide de sens



" Ce n'est pas un monde qui disparait, c'est la disparition qui est devenue notre monde " ( Claro / interview dans " Le Matricule des anges " )
La voix de " CosmoZ " riffait les pierres. La veille elle avait souqué la flotte qui transformait en buvard la place du Junqué. Ce que j'avais lu dans le train, passait à l'amble d'un lobe à l'autre.
je pensais alors juste à cette vidéo de Paula, à sa deuxième minute très exactement ( Va por Vd estimada Berrendita ) et au Juli, à son grand cirque des torchons et des serviettes.
avec au milieu Vazemsky , citant Leiris derrière sa talanquère en meuble de rangement de médiathèque , avec l'ombre de la corne  dans son aiguille " d' Escalabère ", un simple escabeau et une pile de livres en son dernier barreau. Dimitri torée l'accent et la " musica callada " de la lettre muette du mot " Poésie ". il le déplace et il la retourne. Parar, mandar, templar y recoger.
même loin des taureaux , un toril n'est jamais vide de sens.

lundi 13 septembre 2010

Les soyeux drilles






Nomades...faut avoir un moral de pelleteuse pour s'appeler comme cela par les temps qui pestillencent par ici. ça ouèle le bouc émissaire, mais les tenants de ce festival bordelais n'en ont cure.
hérisson, pringa, goulash et thé à la menthe à tous les étages.
ole sus cojones !

pour dikav le programme , c'est en bougeant le campagnole juste là.



et tiens, où en seraient les vignes sans les gens du voyage ?
et la poésie sans le vin ?
vendredi on plie les gaules et on s'embusque à Jurançon, Monein et Lacommande.
On grille des entrecôtes vers Uchat, on caresse d'un regard doré les seins de Pyrène,on écoute le Manseng qui chuquent les mots traînant dans la penaille de soyeux drilles triés sur le bolet,on laisse monter les brumes.

pour soutirer le programme, faut plonger la pipette ici.

jeudi 9 septembre 2010

Al Maestro



" Nunca los duendes tuvieron un protegido tan fiel, tan insobornable " (Felipe Benitez Reyes in " Palco de sombra " / editorial Renacimiento / 1996)

Gracias, amiga, por acordarte  "p'arrriba...pa'bajo".

lundi 6 septembre 2010

Saint Roch


"Que yo he nacido en San Roque
y a mí me llaman Canela,
en el pecho tengo fragua
y en la garganta candela."


des fois ça va. des fois, pas.
quelqu'un là-haut, personne, lance des fils avec au bout des petits éclats de pierres transparentes, au son transparentes et précieuses. rien qu'au son.je lève la tête, vois ma carcasse dans le velux. on se croit riche quand on écoute la pluie commencer à tomber.
j'ai dépensé trente euros en vins de foire. côtes-du-rhône à rouler mauve, gros-plant de jute pisse d'étang,bergerac de gouyat, anjou feu, riesling de lieu-dit, gaillac à tête de prune...I'm a rough aficionado boy. j'irai pas à leur convention, leur tea-party du parc tes odeurs denise.
en août la baie des anges. les anges, l'eau. le jaja est composé à quatre-vingt-cinq pour cent d'Hdeuzo. 30 € fois 85 divisé par cent, j'ai dépensé 25 euros en nappe phréatique, en gouttes célestiales, en urine d'escargot.
à Vallauris il y a les fours où Don Pablo cuisait sa terre mais plus de cheminées. des marchands templiers. une cité-dortoir. des papillons bigarrés en céramique de quinzième zone. tout est à vendre, le sommeil et le passé. restent l'homme et la chèvre, la terrasse aux 13 marches où Eugène et lui buvait un trago, amigo, que tal las noticias, en madrid salio en hombros gregorio Sanchez, hijo de uno de los nuestros je Pablo ? la guerre et la paix, un numéro 1000 d'El Ruedo et sur le sol un autre d'El Mundo Obrero, la portada de Jose Ortega d'un vinyl de Caracol, les flacons de teinture du barbier, des bibliothèques, des bibliothèques, un éléphant en peluche quelque part. le café , les cuillères , le sucre, l'enseigne à tête de cheval sur la rue et le limoncello dans sa bouteille de neige qui fume.
j' irai pavaner mon oriflamme en rouge et blanc , pour quoi ? je pense à la voiture ornée de cornes où le peintre , les enfants, se baladaient dans les rues pour les fêtes populaires. ce sont des photos. elle est où cette guimbarde ?
à Nice "Le comptoir de la vaisselle" était fermé.
à Bilbao il n'y avait plus depuis 10 un quart, de billets pour l'apartado, pffuiii, tu vois le taureau cinq secondes a dit Rafael, tu viendras à celui de Bayonne avec moi, 5 secondes ? a pensé Alain en passant devant le Miura empaillé. regarde, a rajouté Rafa, ludo fais le toro...joder macho, croise-toi un peu plus quand même. j'ai avancé sur la corne, le burraco de Zahariche continuait de scruter Alain de son oeil en verre de boule de cristal. ouuffff ! retrouver la ceinture. 5 secondes, c'est abyssal. Leandro veut en sortir des abysses, du purgatoire des contrats en peau de pueblo, il lui manque ces foutus secondes qui taillent un héros gris et bleu, l'oeil et le rimmel du bocho.
à Sigean les vignes ont été arrachées et les rosalies sont encore là. j'ai envie d'un churro plein de sable. Grand-Père s'endort à l'ombre des restanques et les olives ont un goût de pyrite.
pas question ! pas de défilé en liquette Sorteo, je ferai le chenapan, j'ai la tertulia misanthrope, je suis sec. des heures à penser qu'on ne peut pas, qu'on ne peut plus écrire. on est au fond d'un ravin. toujours ce rêve. avant je volais. j'avais une vie sexuelle dans les draps, entre le sommeil. je montais, je descendais, je frôlais la terre, jamais je ne m'écrasais. A villefranche on a fait l'amour sous la douche. l'eau était blanche. comme une page.
Calle del perro.les calamars à l'encre avec un peu de vert jaunissant de l'huile qui souligne le bord de l'assiette. les petites fourchettes. les servilletas qui n'essuient même pas la bouche. on avait vu Ponce, des Sepulveda, on avait mangé à l'étage, Rincon, Cano, on avait bu de l'anis. chico/chica. douceur et varlope. col rouge et col vert, du sperme de baleine dans une petite flaque glacée qui descend vers le cul du verre. on été déjà venus une semaine ou deux avant, il avait plu, juste un peu plus que pour donner la course, on avait regardé les toises des inondations de 83 en levant haut les yeux, longtemps, puis on était reparti.on ne prenait pas l'autoroute pour se payer quelques zuritos de plus.
Alain a gardé mon cigarre, on le fumera autour des grillades en pleurant avec son père les pieds de merlot abattus. on dira que c'est la fumée. on jettera trois sarments dans la Dordogne pour appâter les aloses. et effrayer nos haut-le-coeur. tu liras Cendrars autour des braises, Alain et je mettrai ma main coupée dans la jupe des verres à pied.
chasser le bonheur. expression à deux balles. en deux endroits une blessure. il part. on le traque. il y a quoi dans les sucs gastriques d'un cantaor ?
à Madrid Carmen Polo avait fait construire des petits, tout petits pisos pour que les gitans trouvent de l'eau et de la lumière quand ils venaient chanter. ils baissaient la tête. elle empochait les commissions, grasses. Angel jouait à la toupie contre les murs de Las Ventas Del Espiritu Santo. puis rentrait Barrio de la Concepcion en passant par les arrière-cours où saignait la langue du duende pendue sur les fils à linge. il y pense encore à ce saisissement, à cet instant où tout bascule quand on entend un cri et qu'on s'accroche à son propre ventre en se disant que c'est cela, eso es ! , qu'on a toujours cherché. quand il veut s'en rappeler encore plus fort il joue aux dés avec le hasard du gin-Tonic.
t'as pas le sentiment qu'on va crever ? m'a balancé Ali. qu'on n'en a plus pour bézef ? ils veulent nous voir mourrir, on dirait qu'on est des vieux Saltillos et qu'ils viennent pour nous sauver mais nous on veut s'enfoncer l'épée jusqu'au tréfond. tu crois , tu crois qu'il faudrait y aller à leur toro-pride ?
au flamenco vive, j'ai acheté le disque de Canela de San Roque.je l'écoute en ficelle éternelle.
je calcule qu'il y a trois ou quatre taureaux Osborne entre le ciel et moi.
La Condesa m'a fait rire aux éclats. elle devait être si belle quand elle est entrée dans la chambre de Paula au Sanatorio de la rue Bocangel.
il fait chaud, nu j'ai passé le tee-shirt de l'Ateneo Republicano de Vallekas et je suis monté en delantera de gradas.
je prends les escaliers,je sais à présent que je rêve, l'oeil s'ouvre. je plonge, je voudrais tant raser le sable, planer au-dessus des huées...
la vitre est sans bruit. j'ai rangé la dernière bouteille. un chien passe entre mes lèvres.